Le Blog de Lazare

Beaucoup s’interrogent sur ce nouveau remaniement du haut commandement russe pour conduire les opérations en Ukraine. Personnellement je ne vois rien d’anormal à cela puisque nous sommes dans une situation très évolutive, où « l’opération spéciale » de février s’est transformée peu à peu en guerre Otan/Russie, à la suite d’une escalade sans fin voulue par les Américains et suivie avec le plus grand zèle par leurs valets européens.

Le conflit étant appelé à prendre une autre dimension, quoi de plus normal que de désigner le général Guérassimov, chef d’état-major des armées russes, pour mener cette guerre, assisté par deux adjoints, « air » et « terre ».

Bien entendu, nos médias, jamais avares de stupidités sans nom et de jugements abrupts sans la moindre réflexion, s’empressent de voir dans ce nouveau remaniement la preuve d’un pouvoir russe désemparé, en quête de victoires rapides après les « revers » subis à Kharkov et Kherson. Certains vont même jusqu’à affirmer que c’est un désaveu du général Sergueï Sourovikine, alors que celui-ci devient le premier « adjoint air » du général Valéri Guérassimov, l’adjoint terre étant le général Alexander Lapine. Sourovikine n’est donc nullement tombé en disgrâce !

Au-delà des inévitables rivalités internes au sein des armées et des enjeux politiques que doit prendre en compte le Kremlin, le choix de Poutine se révèle particulièrement judicieux.

Le général Dominique Delawarde nous rappelle que le général Guérassimov « est reconnu comme le meilleur des généraux russes. Il est le concepteur de la doctrine militaire russe. » D’une loyauté absolue, personne ne conteste sa prééminence au sein du puissant appareil militaire de la Russie.

Pour ce qui est de la future stratégie envisagée par Moscou, les avis divergent.

Certains pensent que le général Guérassimov ne changera pas de stratégie et que les Russes ont tout intérêt à jouer la montre, à prendre tout leur temps, pour affaiblir à la fois l’armée ukrainienne et les économies européennes au fil des mois.

Menant une intense guerre d’artillerie avec des réserves de matériels et de munitions insoupçonnées, la stratégie russe consiste à détruire peu à peu le corps de bataille ukrainien, tout en préservant au maximum la vie des soldats russes et celle des civils ukrainiens.

N’écoutez pas l’odieuse propagande des médias français, qui parlent d’hécatombe dans les rangs russes et de crimes de guerre contre les populations civiles. Quand on préserve à la fois la vie de ses propres soldats et celle des civils du pays ennemi, les opérations deviennent longues et difficiles. C’est le cas dans le Donbass.

Si les Russes appliquaient la doctrine militaire otanienne, ils largueraient un tapis de bombes sur les populations civiles, comme au Vietnam, en Irak ou en Serbie. En ne visant que les infrastructures et les objectifs militaires, les Russes font malheureusement des victimes collatérales, mais rien de comparable avec les massacres perpétrés par les bombardements américains. En Serbie, ce sont 1 000 avions alliés qui ont écrasé la petite Serbie pendant 78 jours. Encore une campagne otanienne engagée sur un mensonge d’État !

La première réalité est qu’il y a 8 soldats ukrainiens tués pour 1 soldat russe mis hors de combat.

La seconde réalité est que ce sont les Ukrainiens qui se rendent depuis huit ans coupables de crimes de guerre dans le Donbass. Crimes reconnus par l’ONU, Amnesty International, la Croix-Rouge et Human Right Watch, mais systématiquement occultés par nos médias. Seuls Poutine et ses hordes barbares sont des criminels de guerre, comme chacun sait.

Et nos élites prétendent défendre la démocratie et les valeurs occidentales ! Les pires étant les Allemands, descendants de nazis, qui osent accuser Poutine de crime contre l’humanité. Aucun peuple ne s’est comporté comme les Allemands, lesquels auraient dû être mis au ban de l’humanité. Ce sont les Russes qui ont libéré l’Europe de la barbarie nazie, ne l’oublions pas. Sans les Russes, qui ont détruit 80 % de l’armée allemande, pas un seul Américain n’aurait pu débarquer en juin 44.

Ceux qui pensent que Poutine a tout intérêt à prendre son temps font un constat simple :

À ce jour, malgré les sanctions, la Russie s’affaiblit peu, alors que les Européens, emportés par l’inflation et le coût de l’énergie, roulent vers la ruine et les révoltes sociales. Une situation qui va s’aggraver en 2023 avec les faillites en cascade et l’explosion du chômage, consécutives à la récession.

Dans leur précipitation à vouloir détruire l’économie russe, les Européens ont oublié l’essentiel : ils n’ont pas de matières premières et leurs économies dépendent massivement du tiers-monde.

À titre de comparaison, la Russie possède 20 % des richesses minières mondiales et son industrie représente 30 % de son PIB. La France a liquidé son industrie au profit des services (industrie = 10 % du PIB). Ce qui n’empêche pas Guy Millière de déclarer que la Russie n’a que peu d’industrie ! Les russophobes osent tout.

Le fait que Poutine n’ait mobilisé que 300 000 réservistes sur un potentiel de 25 millions de combattants mobilisables prouverait qu’il ne veut pas désorganiser son économie et qu’il prépare son pays à une guerre longue. La Russie pourrait vivre trois ans en totale autarcie. Ce qui n’arrivera jamais puisque 75 % de la population mondiale soutient plutôt la Russie que l’Occident.

D’autres observateurs du conflit pensent au contraire que le remaniement du haut commandement annonce un changement de stratégie. C’est mon cas.

Je ne suis ni stratège ni devin, contrairement à nos analystes étoilés qui nous annoncent l’inéluctable défaite de la Russie. Mais je penche plutôt pour une accélération des opérations, conduisant à une défaire militaire ukrainienne rapide et sans contestation possible. Une grande offensive d’hiver mettant fin aux combats et ensuite de longues tractations pour une paix durable et des garanties de sécurité pour tous, avec l’aval de toutes les parties et de l’ONU.

Je peux me tromper, mais rappelons que ce sont 500 000 soldats russes et alliés des républiques séparatistes qui vont être engagés, depuis la frontière biélorusse jusqu’au sud de l’Ukraine. Ils ne feront pas de la figuration.

Depuis des semaines, des convois incessants de chars, de blindés, de canons et autres matériels sont acheminés vers la Biélorussie et le Donbass. Ce n’est pas pour un défilé de la fête nationale.

De plus, Boris Karpov nous informe sur son blog que les navires de la flotte russe de la mer Noire ont quitté leurs ports d’attache. Ce n’est pas non plus pour une parade navale devant Odessa.

De son côté, l’armée de l’air prépare ses chasseurs et ses bombardiers lourds. Une fois détruite la défense anti-aérienne ukrainienne, ce à quoi s’applique le général Sourovikine depuis trois mois, les bombardiers lourds effectueront des missions en profondeur, jusqu’à la frontière polonaise.

Nul besoin de mobiliser 300 000 soldats supplémentaires s’il s’agit de poursuivre la guerre de position et le duel d’artillerie actuels. Cette offensive d’hiver va signer à mon humble avis un changement de stratégie.

Suivez la chaîne Telegram de Boris Karpov : https://t.me/boriskarpovblog

Tout cela est le signe d’une puissante opération pour reprendre la totalité des 4 régions annexées cet été et peut-être bien davantage. Comme la prise d’Odessa au sud et le renversement du pouvoir à Kiev ? Mais nul n’est devin et seul Poutine et ses généraux savent ce qui se prépare.

Pour ma part, je pense que si Poutine ne s’empare pas de la totalité de la côte de la mer Noire, et même jusqu’à la Transnistrie, c’est la porte ouverte à un harcèlement permanent par la mer, contre le Donbass et la Crimée. Ce n’est que mon avis.

Ces opérations aériennes, navales et terrestres de grande envergure devraient être décisives et accélérer la fin des combats. Les guerres sont toujours trop longues et trop dévastatrices. Souhaitons que celle-ci s’arrête au plus vite.

Jacques Guillemain