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5 septembre 2021 7 05 /09 /septembre /2021 00:03

Extrait d’une brochure nazie dont plusieurs centaines de milliers d’exemplaires furent imprimés et qui largement distribués à partir de 1928-1929

Pourquoi nous sommes socialistes

Extrait d’une brochure nazie dont plusieurs centaines de milliers d’exemplaires furent imprimés et largement distribués à partir de 1928-1929. Il s’agit d’un bon résumé des lignes essentielles du programme politique national-socialiste juste avant la prise de pouvoir par Hitler en 1933. La brochure comprenait cinq caricatures de Mjölnir, dessinateur de Goebbels.

 

Joseph Goebbels et Mjölnir, Die verfluchten Hakenkreuzler. Etwas zum Nachdenken, Munich, Verlag Frz. Eher, 1932.

 

 

Pourquoi sommes-nous socialistes ?

Par Joseph Goebbels

Nous sommes socialistes parce que nous voyons dans le socialisme, qui est l’union de tous les citoyens, la seule chance de conserver notre héritage racial et de récupérer notre liberté politique et rénover notre État allemand.

Le socialisme est la doctrine de la libération pour la classe ouvrière. Il favorise la montée de la quatrième classe et son incorporation dans l’organisme politique de notre patrie, et il est inextricablement lié à la rupture de l’esclavage présent, recouvrant la liberté allemande. Le socialisme, par conséquent, n’est pas simplement une question relative à la classe opprimée, mais celle de tous, pour libérer le peuple allemand de l’esclavage et est l’objectif de la présente politique. Le socialisme atteint sa véritable forme qu’au travers d’une fraternité de combat total avec les énergies d’avant-garde d’un nationalisme nouvellement réveillé. Sans le nationalisme il n’est rien, seulement un fantôme, rien qu’une théorie, un château dans le ciel, un livre. Avec lui, il est tout, l’avenir, la liberté, la patrie !

Le péché de la pensée libérale a été de négliger les forces de construction de la nation du socialisme, laissant ses énergies partir dans des directions antinationales. Le péché du marxisme a été de dégrader le socialisme en une question de salaires et d’estomac, de le mettre dans une situation de conflit avec l’État et son existence nationale. Une compréhension de ces deux faits nous conduit à un nouveau sens du socialisme, qui voit sa nature nationaliste, de renforcement de l’État, libératrice et constructive.

Le bourgeois est sur le point de quitter la scène historique. À sa place viendra la classe productive des travailleurs, la classe ouvrière, qui a été opprimée jusqu’à aujourd’hui. Elle commence à remplir sa mission politique. Elle est impliqué dans une lutte dure et amère pour arriver au pouvoir politique, tandis qu’elle cherche à faire partie de l’organisme national. La bataille a commencé dans le domaine économique ; ellel finira dans le politique. Ce n’est pas seulement une question de salaires, ni seulement une question de nombre d’heures de travail par jour – bien que nous ne pourrons jamais oublier que c’est là une partie essentielle, peut-être même la plus importante de la plate-forme socialiste – mais beaucoup plus une affaire d’intégration d’une classe puissante et responsable dans l’État, peut-être même d’en faire la force dominante des politiques futures de la patrie. La bourgeoisie ne veut pas reconnaître la force de la classe ouvrière. Le marxisme la corsète dans un carcan qui la ruine. Alors que la classe ouvrière, se vidant de son sang, se désintègre peu à peu dans le marxisme, la bourgeoisie et le marxisme se sont entendus sur les lignes générales du capitalisme, et ont pour tâche maintenant de protéger et défendre cet état des choses de diverses manières, souvent dissimulées.

Nous sommes socialistes parce que nous voyons la question sociale comme une question de nécessité et de justice pour l’existence même d’un État pour notre peuple, non pas une question de pitié bon marché ou de sentimentalisme insultant. Le travailleur réclame un niveau de vie qui correspond à ce qu’il produit. Nous n’avons pas l’intention de mendier pour ce droit. L’intégrer dans l’organisme étatique n’est pas seulement une affaire importante pour lui, mais pour la nation toute entière. La question est plus large que la journée de huit heures. Il s’agit de former un nouvel état de conscience qui inclut tous les citoyens productifs. Étant donné que les pouvoirs politiques actuels ne sont pas capables ni désireux de créer une telle situation, le socialisme doit se battre pour l’atteindre. Il est intérieurement et extérieurement un slogan de la lutte. A l’intérieur, il vise en même temps les partis bourgeois et le marxisme, parce que les deux sont des ennemis jurés de l’État ouvrier à venir. A l’extérieur, il est dirigé contre tous les pouvoirs qui menacent notre existence nationale et l’avènement de l’État national-socialiste.

Le socialisme n’est possible que dans un État qui est uni au niveau national et libre au niveau international. La bourgeoisie et le marxisme sont responsables de ne pas avoir atteint les deux objectifs, l’unité nationale et  la liberté internationale. Peu importe que ces deux forces se présentent comme nationales et sociales, elles sont les ennemis jurés d’un État national-socialiste.

Nous devons donc briser politiquement ces deux groupes. Les lignes du socialisme allemand sont nettes, et notre chemin est dégagé.

Nous sommes contre la bourgeoisie politique, et pour un authentique nationalisme !
Nous sommes contre le marxisme, mais pour un vrai socialisme !
Nous sommes pour le premier État national allemand de nature socialiste !
Nous sommes pour le Parti national-socialiste des travailleurs allemands !

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21 juin 2021 1 21 /06 /juin /2021 14:02
La vraie raison pour laquelle la France a conquis les territoires ottomans baptisés ensuite « Algérie »
Nombreux sont, parmi les Français, et notamment en raison des débats télévisés concernant d’une part le «Rapport sur le mémoriel» remis par Benjamin Stora au président Macron, mais également «La charte pour un islam de France» ainsi que la loi qui devait se prononcer sur le séparatisme, se demandent finalement : Pourquoi la France a-t-elle pris la décision de conquérir ces territoires ottomans qui ont été baptisés depuis «Algérie» ? 

 

On leur a dit, ou ils l’ont lu, qu’il s’agissait de mettre un terme à la piraterie qui se pratiquait en mer Méditerranée et certains peuvent se demander : Pourquoi une telle expédition, une telle guerre de plusieurs années, uniquement parce que quelques navires étaient attaqués et arraisonnés par les pirates barbaresques.

Cela n’est pas l’exacte vérité, ni l’unique raison, cela va bien au-delà.

  • La piraterie a duré plusieurs siècles mais, hélas, elle ne se pratiquait pas uniquement en mer. Les côtes espagnoles de l’Andalousie et jusqu’à Valence, plus au nord, les îles Baléares, les côtes du sud de l’Italie, la Sicile, la Sardaigne, La Corse, mais également les côtes méditerranéennes de la France, étaient ravagées, mises à sac et les populations massacrées ou enlevées, sans qu’elles puissent se défendre contre cette sauvagerie, cette barbarie. 

Cela avait débuté avec l’arrivée des frères Barberousse qui, avec l’aide du roi de Tunis, avait occupé cette partie du Maghreb et les expéditions partaient de Djidjelli, de Cherchel, de Bougie, d’Alger, de Tunis et, enfin, d’Oran, après le départ des Espagnols, qui l’avaient occupé depuis le 16e siècle et jusqu’en 1792.

Toutes les côtes et les îles méditerranéennes étaient ainsi ravagées et il fallait y mettre fin.

Les Portugais l’avait déjà tenté en 1501 et depuis, l’Espagne chrétienne, depuis Charles Quint, s’y était employée de très nombreuses fois, notamment sous les ordres du cardinal Ximénès, après que les «Maures», après quelques siècles d’occupation de la péninsule, aient été chassés vers la fin du XVe siècle.

Cette piraterie avait cessé et la ville d’Alger était sous contrôle des Espagnols, depuis leur forteresse construite sur le rocher qui dominait la cité.

Ils en furent chassés par «Baba-Haroudj» et son frère «Khair-el-Dinn» qui prirent le pouvoir, après avoir décapité le cheikh Eutémy, ainsi que les exécutions de milliers d’Arabes, et fortifié la Casbah.

De nouveau le danger s’abattit tout autour de la «Mare Nostrum» et, à la demande même des Arabes, victimes de crimes abominables et d’une violence extrême, les Espagnols, à plusieurs reprises, tentèrent de les en chasser au cours de plusieurs expéditions et notamment le désastre de leur flotte, en 1516, où plus de 3000 soldats furent tués et des milliers de prisonniers.

Barberousse enfin vaincu, et sa tête coupée et transportée à Oran comme trophée, cela ne mit pas fin à la piraterie, qui reprit jusqu’au début du 19e siècle et elle devint même un véritable fléau et une puissance militaire redoutable. 

Les «Ottomans» tentèrent même de se réintroduire en Espagne en assiégeant la ville de Cadix. Ce fut un échec. 

Les massacres et les enlèvements se poursuivirent (enfants, adolescents, jeunes femmes et jeunes hommes) et cela malgré toutes les tours élevées pour la défense des côtes, de la pointe sud de l’Italie jusqu’au détroit de Gibraltar et dans toutes les îles méditerranéennes.

Nous en avons un exemple dans l’une des îles Baléares : la cité de Ciudadela, à 5 km de Mahon, la capitale, Charles Quint fit construire la forteresse San Felipe après une première et sanguinaire incursion de Barberousse, en 1558. La cité en flammes, tous ses habitants assassinés aux couteaux et aux sabres, à tel point que l’une des rues en pente, où le sang dégoulinait comme un torrent, fut nommée «es degollador», en souvenir de cet horrible épisode.

Les «Ottomans» savaient que «la guerre les enrichissait et que la paix les ruinait».

A de nombreuses reprises, sous Louis XIV, et son amiral Duquesne, et même ensuite, sous Napoléon (il envoya un espion «Boutin» afin de déterminer un endroit envisageable pour un débarquement) et, enfin, les Américains, en 1815, puis les Anglais en 1816, 1819 et 1824, avec l’amiral Neal, s’employèrent à y mettre fin, sans succès.

Toutes ces explications afin de bien faire comprendre, à ceux qui l’ignoraient encore, les raisons impérieuses de la conquête française de ces territoires sous contrôle ottoman. 

La suite est une autre histoire, bien plus captivante et plus présente, que malheureusement, trop nombreux sont ceux qui prétendent la connaître et vous en livrent une image totalement déformée dans le seul objectif de «salir» la colonisation française et son œuvre, ignorent.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Manuel Gomez pour Dreuz.info.

https://www.dreuz.info/2021/02/26/la-vraie-raison-pour-laquelle-la-france-a-conquis-les-territoires-ottomans-baptises-ensuite-algerie/

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21 juin 2021 1 21 /06 /juin /2021 03:53
Un Nord-Africain témoin de la foi judéo-chrétienne

Conquérants, les Arabes appelaient l’Afrique du Nord « Djezirat-el-Maghreb », « l’Île de l’Occident ». On n’imagine mal aujourd’hui à quel point cette région a commencé par être christianisée dès les premiers siècles.

 

Carthage était devenue la capitale rayonnante d’un espace de chrétienté prospère. Au 3ème siècle un concile parvenait à réunir une centaine d’évêques. Trois noms célèbres rendent témoignage de cette gloire du passé : Tertullien, Cyprien et Augustin.

 

Tertullien est né en 155, mort en 225. Son nom est Quintus Septimus Florens Tertullianus. Il naît dans une famille romaine et païenne, avec un père militaire qui lui donne une formation intellectuelle de pointe, en particulier dans le droit.

Sa jeunesse est agitée, il fréquente des lieux de plaisir mais se pose des questions sur le sens de son existence. Son niveau d’éducation et sa curiosité intellectuelle font contrepoids à ses passions. Parfaitement bilingue, il écrit le grec et le latin, et il rencontre des chrétiens dont la sérénité au milieu des épreuves lui donne sérieusement à réfléchir. Il prend connaissance des saintes Ecritures, et au fil de sa recherche se sent appelé au baptême. La morale de l’évangile et le mystère de la foi chrétienne l’attirent vers une vie nouvelle.

Il entre dans la jeune Eglise, très bien organisée autour de sa hiérarchie, solidement implantée et dispensatrice d’une culture attractive. Face aux persécutions de chrétiens par le pouvoir impérial, le juriste qu’il est s’adresse courageusement aux autorités. Provocateur, il écrit l’Apologeticum, qui est dans l’esprit de l’Apocalypse une sorte de « j’accuse » dénonçant la brutalité de Rome. « Allez, bons gouverneurs, encore plus estimés des foules lorsque vous leur immolez des chrétiens, allez-y, tourmentez-nous, torturez-nous, condamnez-nous, écrasez-nous ! votre iniquité est la preuve de votre inconscience. Le sang des chrétiens est une semence ! »

Tertullien a forgé tout un vocabulaire pour exprimer les vérités libératrices de la foi. Polémiste déterminé, il utilise toutes les ressources de la rhétorique. A une période de croissance de l’Eglise, les assauts sectaires ont lieu de toutes parts. C’est ainsi que Tertullien se lance dans la bagarre et s’attaque à des courants hérétiques, en particulier celui de Marcion qui prétend scinder la Bible en deux, en rejetant les Ecritures du Premier Testament au nom d’un antijudaïsme primaire. Pour cette posture inacceptable, le puissant hérésiarque sera vite excommunié par l’Eglise.

La dialectique du sage Tertullien confine parfois à l’outrance, mais son style passionné a pour objectif de défendre la justice et la tolérance, la noblesse de la foi judéo-chrétienne. Il démonte minutieusement les prétentions infondées des chefs de communauté autoproclamés.

 

Comme prêtre, Tertullien est chargé de la préparation au baptême des nombreux catéchumènes issus comme lui du paganisme gréco-romain. Il est particulièrement sensible aux séductions insidieuses du mode de vie païen et idolâtre. Dans une réaction vigoureuse, il se fait porteur d’une austérité stricte : il interdit les spectacles, le cirque, le théâtre et le stade. Son rigorisme le pousse vers le courant montaniste, ce qui l’amène à condamner toute carrière militaire qu’il juge incompatible avec la vie chrétienne. Il recommande aux jeunes filles de porter un voile dans les assemblées liturgiques et de se vêtir avec modestie.

Il semble prescrire à tous le chemin du Royaume par la porte étroite. Conscient de son caractère exigeant, il écrit : « malheureux, je suis toujours dominé par la fièvre de l’impatience ». C’est avec ferveur qu’il rend hommage à deux femmes martyres de Carthage, Félicité et Perpétue.

On sait que Tertullien eut une vieillesse solitaire. Mais il faut relever le fait que ses options rigoristes et protestataires eurent une influence décisive sur Augustin, évêque d’Hippone, qui  exprima son admiration envers ce maître spirituel qui l’avait pour une grande part inspiré.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.

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30 avril 2021 5 30 /04 /avril /2021 22:31
Quand le pape François contredit la pensée de St François d’Assise

Dans sa dernière lettre “encyclique” le Pape François s’appuie sur François d’Assise en particulier dans ce paragraphe (3) intitulé : “Sans frontières” (qui n’est pas sans rappeler le “no border” de certaines associations…) en vue de tenter de penser une “fraternité humaine”, au-delà des nations en quelque sorte, ce qui ne se peut, du moins tel quel, puisque par exemple et déjà la Déclaration des Droits de l’Homme est aussi celle  du Citoyen d’une part, et que, d’autre part, cette “fraternité” n’exclut pas la confrontation, l’altérité, comme le montre précisément St François d’Assise ce qui va être vu maintenant.

Mais citons tout d’abord les propos du Pape François avant de se référer au texte même du Saint qui ne confirme pas vraiment l’interprétation du Pape ( celui-ci rappelons-le n’étant “infaillible” que lorsqu’il relate, strictement, le Dogme de la Révélation (la Sainte Trinité et l’Assomption de Marie) pas plus, et cela doit se faire “ex cathedra“...)

Voici donc le propos du Pape François :

” (…) 3. Il y a un épisode de sa vie qui nous révèle son cœur sans limites, capable de franchir les distances liées à l’origine, à la nationalité, à la couleur ou à la religion. C’est sa visite au Sultan Malik-el-Kamil, en Égypte, visite qui lui a coûté de gros efforts du fait de sa pauvreté, de ses
ressources maigres, de la distance et des différences de langue, de culture et de religion. Ce voyage, en ce moment historique marqué par les croisades, révélait encore davantage la grandeur de l’amour qu’il voulait témoigner, désireux d’étreindre tous les hommes. La fidélité à
son Seigneur était proportionnelle à son amour pour ses frères et sœurs.
Bien que conscient des difficultés et des dangers, saint François est allé à la rencontre du Sultan en adoptant la même attitude qu’il demandait à ses disciples, à savoir, sans nier leur identité, quand ils sont « parmi les sarrasins et autres infidèles … de ne faire ni disputes ni querelles, mais d’être soumis à toute créature humaine à cause de Dieu ».[3] Dans ce contexte, c’était une recommandation extraordinaire. Nous sommes impressionnés, huit-cents ans après, que François invite à éviter toute forme d’agression ou de conflit et également à vivre une ‘‘soumission’’ humble et fraternelle, y compris vis-à-vis de ceux qui ne partagent pas sa foi. (…) “

Lisons maintenant ce qui est “dit” d’authentifié sur le Saint afin de s’en servir comme prisme : dans un livre publié par les Éditions franciscaines (Paris, 1968) et intitulé ” Saint François d’Assise. Documents. Écrits et premières biographies” et particulièrement au “chapitre 24” des “Fioretti” le titre est déjà le suivant:

“Comment Saint François convertit à la fois le sultan de Babylone et la courtisane qui l’incitait lui-même à pécher (note 1)

Abordons tout d’abord cette “note 1” (p.1243 du livre) car elle fait référence précisément à ce sultan d’Égypte (celui de Babylone viendra après) dont parle le Pape François, commençons par elle car son contenu  établit le but même du “voyage” de Saint François en Égypte: celui d’une…”croisade” en son sens étymologique précisé par Voltaire :  « tentative pour diriger l’opinion en faveur ou contre quelque chose»… : l’on y apprend en effet que (Actus, 27) cette “croisade de saint François en Égypte” avait en vue de “convertir les Musulmans” et non pas juste de “fraterniser”; par ailleurs loin de se “soumettre” (comme l’exhorte le Pape) il s’avère que lorsque St François fut en présence de ce Sultan en question,  Malek el Khamil (qui le reçut bien) “il prêcha plusieurs fois“, ce qui veut tout dire, et le Sultan loin de s’en offusquer lui “aurait dit” (selon “Jacques de Vitry“) ” en le faisant reconduire au camp des chrétiens: ” Prie pour moi afin que Dieu daigne me révéler qu’elle est la loi et la foi qui lui plaît le plus.”

Ainsi ce Sultan cherche la vérité elle-même et est donc prêt à écouter non pas seulement ce qui rassemble (œcuménisme) mais aussi ce qui le différencie précisément avec St François et qui en sa présence aura sans doute plaidé la Révélation ne serait-ce, peut-être, que cette “Admonition” (p.37 du livre ci-dessus, elle se trouve aussi en ligne ici):

” Le Seigneur Jésus a dit à ses disciples:  Je suis la voie, la vérité et la vie (Jn 14 6-9). On ne va au Père que par moi (Cf He 10 19-21).  (…) Philippe lui dit : Seigneur, montre-nous le Père, et cela nous suffit. Jésus lui répondit : Il y a si longtemps que je suis avec vous, et vous ne me connaissez pas encore ? (CF Jn 1 18) Philippe, qui me voit voit aussi mon Père (…). Il en va de même pour le Fils : en tant qu’il est égal au Père, on ne peut le voir autrement que le Père, autrement que par l’esprit. C’est pourquoi furent damnés tous ceux qui autrefois n’ont vu dans le Seigneur Jésus-Christ que son humanité, sans voir ni croire, selon l’esprit et selon Dieu, qu’Il est le vrai Fils de Dieu.”

De même, le Sultan de Babylone est lui aussi à la recherche d’une telle altérité, citons le chapitre 24 (accessible en ligne mais sans les notes du livre cité ci-dessus):

“Saint François, poussé par le zèle de la foi du Christ et le désir du martyre, alla une fois outre-mer avec douze de ses saints compagnons, pour se rendre tout droit près du sultan de Babylone. Et arrivant dans une contrée des Sarrasins, où les passages étaient gardés par certains hommes si cruels, qu’aucun des chrétiens qui vint à y passer ne pouvait échapper à la mort, il plut à Dieu qu’ils ne furent pas mis à mort, mais pris, battus et liés et menés devant le Sultan. Et étant devant lui, saint François, instruit par l’Esprit-Saint, prêcha si divinement la foi du Christ que pour elle aussi, il voulait entrer dans le feu. Aussi, le Sultan commença-t-il à avoir une grande dévotion pour lui, tant pour la constance de sa foi, que pour le mépris du monde qu’il voyait en lui; parce que, bien qu’étant très pauvre, il ne voulait recevoir aucun don de lui; et aussi pour la ferveur du martyre qu’il voyait en lui. Et pour cela, le Sultan l’écoutait volontiers, le pria de revenir le voir, souventefois, lui accordant à lui et à ses compagnons de pouvoir prêcher librement partout où il leur plairait. Et il leur donna un signe par lequel ils ne pouvaient être offensés de personne. Ayant donc reçu cette liberté, saint François choisit ses compagnons et les envoya deux à deux, dans les diverses régions des Sarrasins pour y prêcher la foi du Christ (…)
A la fin, saint François, voyant qu’il ne pourrait faire plus de fruits dans ces régions, se disposa, par révélation divine, à retourner parmi les fidèles avec tous ses compagnons; et les ayant réunis tous ensemble, il retourna vers le Sultan et prit congé de lui. Alors le Sultan lui dit: “François, je me convertirai volontiers à la foi du Christ, mais je crains de le faire maintenant, parce que si les gens d’ici le savaient, ils me tueraient avec toi et tous tes compagnons. Et comme tu peux faire encore beaucoup de bien, et que j’ai à expédier certaines affaires de très grande importance, je ne veux pas maintenant pousser à ta mort et à la mienne; mais enseigne-moi pour que je puisse me sauver et je suis prêt à faire ce que tu m’imposeras”. Saint François dit alors: “Seigneur, je vais maintenant vous quitter; mais ensuite quand je serai retourné dans mon pays, et que je serai allé au ciel par la grâce de Dieu, après ma mort, je t’enverrai, selon qu’il plaira à Dieu, deux de mes frères de qui tu recevras le baptême du Christ et tu seras sauvé, comme me l’a révélé mon Seigneur Jésus-Christ. Et toi, pendant ce temps, dégage-toi de tout embarras, afin que, quand viendra à toi la grâce de Dieu, elle te trouve préparé à la foi et à la dévotion”. Le Sultan promit de le faire, et il le fit.
Cela fait, saint François s’en retourna avec le vénérable collège de ses saints compagnons et quelques années plus tard saint François, par la mort corporelle, rendit son âme à Dieu. Et le Sultan, étant tombé malade, attendit la promesse de saint François et fit mettre des gardes à certains passages, ordonnant que si deux frères, en habit de saint François, venaient à s’y montrer, ils fussent de suite menés vers lui. En ce même temps, saint François apparut à deux frères et leur commanda d’aller sans retard près du Sultan et de lui procurer son salut selon que lui-même le lui avait promis. Les frères se mirent à l’instant même en chemin, et passant la mer, ils furent par lesdits gardes menés près du Sultan. Et en les voyant, le Sultan eut une très grande joie et dit: “Maintenant je sais vraiment que Dieu a envoyé ses serviteurs vers moi pour mon salut, selon la promesse que, par révélation divine, me fit saint François”. Recevant donc desdits frères les enseignements de la foi du Christ et le saint baptême, ainsi régénéré dans le Christ, il mourut de cette maladie, et son âme fut sauvée par les mérites et les oeuvres de saint François.
A la louange du Christ. Amen. “

Ainsi le Sultan de Babylone, tout comme celui d’Égypte, cherche non pas à ce que l’autre, qui ne fait pas partie de sa foi,  fasse seulement que préserver son “identité” (comme l’indique le Pape), mais argumente de telle manière que vient se révéler à lui l’unicité de la vérité par le Christ, le fait que Christ s’avère être le passage nécessaire et obligé, c’est le “par” d’Augustin méditant sur Jean : De, Par, En : du Père, Par le Fils, en le Saint Esprit ; de l’Origine (et la Fin ou le Père) par le Verbe, la Parole la Direction (ou le Fils) en la Grâce, l’Harmonie, la Symbiose du Saint-Esprit. Marie étant, elle, celle qui permet d’être avec ce De Par En; puisqu’elle en fut la Mère terrestre puis céleste ;  d’où l’idée  de Rhombe (que je défendrais dans un prochain livre: “De Par En Avec“: Trinité comme Rhombe).

D’où la remarque finale : c’est moins en s’effaçant qu’en affirmant ce pourquoi elle a été faite que l’Église peut relever le défi de la Révélation; mais elle ne peut pas le faire en faisant fi de cette distinction émise par Christ entre “César et Dieu”: au sens non pas de refuser de se mêler de Politique, mais, semble-t-il, de croire qu’il suffirait d’en effacer la spécificité, de s’y substituer, pour résoudre les problèmes que pose une altérité non réduite à un assemblage d’opinions singulière mais se vivant, pleinement, comme une recherche, ensemble, de LA Vérité même qui, bien que relative à chaque fois, au sens de la chercher et de la redécouvrir de l’affiner dans chaque instant nouveau, n’en reste pas moins, de ce fait, également absolue puisque dans chaque situation nouvelle il faut retrouver le Fil(s)…

D’où alors le constat qu’il ne soit pas possible ainsi de prôner la “soumission” du Politique au Religieux sans se rendre compte que la présence de personnes ne partageant pas la Révélation Trinitaire (et Rhombique) bouleverse nécessairement les conditions mêmes de la Fraternité qui, elle, ne s’avère possible que dans l’Altérité au sens défini ici de “recherche de la vérité” c’est là l’idée même de Laïcité semble-t-il : chercher ensemble ce qui nous tient et retient (disait Camus). Prosaïquement dit : que l’Église somme l’ONU, l’UE d’agir en vue d’autrui est une chose, qu’elle en appelle au démantèlement des Nations (à leur “déconstruction”?) parce que leurs membranes ou frontières seraient par trop “égoïstes” en est une autre ; car ce n’est pas tenir compte des conditions politiques comme la corruption et, à la base, le refus de la liberté qui est au fondement même de la Révélation (Gen, II, v.19 : Adam créé le nom des animaux il ne les récite pas) qui font que ces absences là, ces “soumissions” là, produisent les raidissements actuels, les meurtres rituels, tel ce malheureux professeur d’histoire-géographie qui est mort en France en martyr (le vendredi 16 octobre 2020 paix à son âme) affirmant la nécessité de l’altérité vraie, lui, et ce dans la tolérance pourtant…

Lucien Samir Oulahbib

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24 avril 2021 6 24 /04 /avril /2021 15:09
Velléda en sa tour

Velléda est une prophétesse gauloise du 1er siècle de notre ère. Comme la plupart des druidesses, elle était aussi guérisseuse et  thaumaturge. Le peu qu’on sait de son histoire m’a titillé. Alors j’ai dû me rendre à son époque.

Son nom s’écrit aussi Velleda, Veleda ou même Welleda. Il vient du gaulois veled, en irlandais filid, qui signifie le druide guérisseur — on le retrouve dans le vieux français file, le guérisseur, comme dans l’expression la truie qui file. Pour respecter cette étymologie il faudrait écrire Filéda, la guérisseuse. Mais l’orthographe la plus courante est Velléda, je l’ai reprise ici.

Les druidesses possédaient une science magique plus ancienne et plus terrible que les druides. C’est la raison pour laquelle l’église chrétienne des origines reconnaissait aux femmes le droit de célébrer la messe, comme il apparaît sur une fresque antique des catacombes de Rome.

Druidesse ou pythie, Velléda a vécu la période cruciale du premier siècle de notre ère, quand le christianisme de Jésus ne s’était pas encore imposé sur les autres religions chrétiennes, quand aucun des évangiles canoniques n’était encore écrit. La Gaule –ou plutôt les Gaules– étaient alors des terres de haute magie, où les mages, les druides et les enchanteurs rivalisaient d’adresse dans l’art de guérir et de prédire. On venait de très loin pour consulter les oracles gaulois, d’aussi loin que la Syrie, l’Inde ou l’Ethiopie. Les druides qui filent ou druides guérisseurs faisaient merveilles, accumulant des guérisons spectaculaires et même des résurrections. De nombreux charlatans profitaient de ce contexte pour berner les naïfs.

C’est du moins ce qu’on prétendait dans l’empire romain, qui cultivait alors la pire image des Gaules, pourtant phare culturel de ce coin du monde. Pour Rome, toute contrée non romanisée est forcément sauvage; les Gaulois pratiquaient des sacrifices humains, des tortures jusqu’à la mort et autres coutumes barbares. Tous ces faits ont été grandement exagérés par les tribuns romains, qui voulaient montrer ce peuple sous un jour détestable. Ainsi Rome se posait en sauveur et en civilisateur, ce qui justifiait la conquête par Jules César, à peine un siècle plus tôt.

La réalité était bien différente. La Gaule abritait depuis des siècles une civilisation raffinée, dont l’artisanat, les artistes et la mode étaient appréciés dans tout l’Empire, orfèvrerie, joaillerie et tissage qui faisaient école jusqu’en orient. Les fils de famille venaient de tout l’Empire étudier les sciences et le savoir caché dans les universités druidiques à la réputation élogieuse. Mais si Rome avait reconnu ces faits, son agression militaire contre les Gaules serait apparue sous son vrai jour : le pillage pur et simple. Vae victis,comme dit l’autre.

Velléda vivait donc dans une terre magique, la Gaule germanique. Un pays dont elle ignorait les paysages, enfermée à double tour par des parents soucieux de protéger ses intérêts… ou les leurs. Velléda était donc recluse dans une tour sur la Lippe, affluent du Rhin, dans la région de Dortmund. Voici ce qu’en dit Wikipédia, qui cette fois-ci n’est pas bavard, ni dans sa version française, ni dans sa version allemande.

« Fille de Segenax, elle était de la nation des Bructères et habitait une tour sur la Lippe. Elle exerçait une influence immense sur toutes les populations germaniques : ainsi Tacite rapporte que les habitants de Colonia Claudia Ara Agrippinensium (Cologne) lui confièrent l’arbitrage de leur conflit avec les Tenctères, une tribu germanique habitant hors du limes, c’est à dire hors des frontières de l’empire romain. Considérée comme une déesse vivante, en communication constante avec les dieux Sucellus et Nantosuelte, les envoyés des deux parties ne furent pas admis en sa présence, et la prophétesse rendit son jugement » par l’intermédiaire de ses parents, comme elle le faisait à chaque fois qu’on demandait son oracle. « Dans une inscription trouvée à Augusta Rauricorum (Augst moderne), Sucellus est identifié avec Silvanus » (wikipédia)
 
« Tacite lui fait jouer dans le soulèvement des Bataves contre Vespasien en 70 un rôle aussi important que celui de Civilis, mais on ne sait si elle prophétisa simplement la rébellion ou eut un rôle plus actif. Une démonstration de force opérée par neuf légions sous le commandement de Gaius Licinius Mucianus mit fin à la rébellion. Le général Petilius Cerialis captura Civilis, mais il traita les rebelles avec clémence, et Velléda ne fut pas inquiétée. Un bref extrait de Stace permet d’établir que Velléda, prisonnière en 77 ou 78 du général romain Caius Rutilius Gallicus, fut amenée à Rome, où elle vécut, semble-t-il, quelques années. Une épigramme grecque retrouvée à Ardea, au sud de Rome, se moque de ses pouvoirs magiques. » (wikipédia)
 
C’est à peu près tout ce qu’on sait. Pour étoffer ces infos laconiques, il fallait que je me rende sur place. Voici le récit de ma quête. Velléda était adorée comme une déesse, et son  statut sacré était encore renforcé par son isolement dans cette tour. L’image d’une jeune vierge enfermée dans une tour sera reprise et développée dans bien des contes et légendes médiévaux. Ici nous sommes, semble-t-il, à l’origine de ce mythe. Je crois en effet que c’est Velléda qui a servi de modèle et d’archétype initial. Chaque tour, gardée ou non par un dragon, deviendra la tour de Velléda, que des parents sévères ont enfermée pour protéger sa vertu. En tout cas, cette légende romantique de la jeune et belle vierge dans sa tour a touché Chateaubriand au point qu’il la fit apparaître dans l’un de ses romans, Les Martyrs, écrit dans sa propriété de la Vallée aux Loups. Dans le livre, Velléda n’a qu’un tout petit rôle, mais Châteaubriand la kiffait grave. Dans sa propriété de la Vallée aux Loups, il fit bâtir une tour à laquelle il donna le nom de la prophétesse gauloise.
 
Les seules personnes admises auprès de Velléda étaient ses parents. Elle n’a jamais vu d’autres êtres humains que son père et sa mère, qu’elle confondait sans doute avec les dieux qui lui rendaient visite. En effet, la jeune sibylle passait ses journées dans un état d’euphorie que certains qualifieront de transe mystique. Sans doute les aliments et les tisanes préparés par ses parents y jouaient un rôle. Dans sa transe hallucinée, Velléda adorait le dieu gaulois Sucellos, que les Romains appellent Sucellus. L’amateur de la langue des Oisons préfère le nom gaulois. Sucellos était armé d’un marteau magique, encore un, et mériterait à ce titre de figurer au panthéon des divinités aux armes magiques. Ça commence avec Shiva et sa bombeYahveh et la sienne, puis ça se poursuit avec Zeus et son tonnerreOsiris et ses couronnes, Thor et son marteau, Cuchulainn et son Gae Bolga, et ça continue avec le preux Roland et sa Durandal, le Roi Arthur et son Excalibur !
 
Sucellos porte un marteau magique, parfois remplacé par une faucille. La faucille et le marteau, déjà ! À l’aide de son marteau, Sucellos peut aussi bien tuer que guérir, rendre fou, donner l’éveil, et même ressusciter les morts, comme le faisait sa prêtresse Velléda. Le marteau de Thor est doué de la même magie. Selon moi, il s’agit d’armes technologiques, utilisant l’électronique, comme expliqué dans les articles précédemment cités en liens. Sucellos avait pour parèdre une certaine Nantosuelte. Ce dieu et sa déesse étaient, j’en ai peur, les propres parents de la petite, qui pour être voyante n’en était pas moins crédule. Le papa et la maman se déguisaient en Sucellos et Nantosuelte, et montaient l’escalier à vis de la tour sur la Lippe pour apporter à la pauvrette les aliments drogués et les requêtes de visions.
 
Le proconsul Maximus Minus veut savoir si la récolte de vinum sera bonum cette année. La veuve Caliquot veut savoir si son vinum blanc pétillant a de l’avenir. Le guerrier Marchandos veut savoir s’il va pleuvoir pendant la prochaine guerre, pour prendre un parapluie parce que la cotte de maille sous la pluie, ça rouille. Le préfet des Gaules veut savoir s’il a une question à poser, ça le tracasse depuis son plus jeune âge. Sa femme veut savoir à quelle heure il va rentrer dîner parce que ça commence à bien faire. Et moi je veux savoir ce que je fous là. Bref, tout le monde veut savoir, Velléda est au bout de son pouvoir, la pauvre folle n’en peut plus de Sucellos, de son père, elle a dans la tête toujours la même image, une tour dressée près de sa Lippe natale.
 
A cet instant j’ai compris que je venais d’absorber une pleine écuelle de bouffe droguée destinée à la voyante recluse. Du coup j’ai piqué du nez dans la langue des Oisons juste avant de perdre connaissance. Ça ne fait rien, oubliez le dernier paragraphe, le reste est meilleur, je l’avais écrit avant mon coma.
 
Après trois ans
Ayant poussé la porte étroite qui chancelle,
Je me suis promené dans le petit jardin
Qu’éclairait doucement le soleil du matin,
Pailletant chaque fleur d’une humide étincelle.
 
Rien n’a changé. J’ai tout revu : l’humble tonnelle
De vigne folle avec les chaises de rotin…
Le jet d’eau fait toujours son murmure argentin
Et le vieux tremble sa plainte sempiternelle.
 
Les roses comme avant palpitent ; comme avant,
Les grands lys orgueilleux se balancent au vent,
Chaque alouette qui va et vient m’est connue.
 
Même j’ai retrouvé debout la Velléda,
Dont le plâtre s’écaille au bout de l’avenue,
– Grêle, parmi l’odeur fade du réséda.

 

Paul Verlaine

Source: http://eden-saga.com/

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11 février 2021 4 11 /02 /février /2021 18:20
Mansour Ibn Sarjoun, alias Jean Damascène, 1er critique de l’islam (7ème et 8ème siècles)

Mansour Ibn Sarjoun, (Victor fils de Serge) appelé par la suite Jean Damascène, est né en 676 à Damas dans une famille chrétienne syriaque. Son grand-père était un célèbre administrateur fiscal mandaté par l’Empereur de Byzance Héraclius.

 

Lorsque les armées arabo-musulmanes s’emparèrent de la région en 635, l’occupant exigea que ce haut fonctionnaire continue d’assumer ses tâches, mais au service du nouveau pouvoir islamique. Nombre de chrétiens furent enrôlés de la même façon, soit dans l’administration, soit dans les traductions d’ouvrages à partir du grec.

Le père de Jean Damascène fut également au service des califes pour l’ensemble de la Grande Syrie, dans la collecte obligatoire des taxes et de la djizia. Jean Damascène devint Yuhanna al Demashki, il reçut une éducation très complète sur une base biculturelle, mais où le grec était l’élément essentiel. Il vécut le passage de la culture hellénistique à la culture arabe en Orient. Son précepteur, Cosmas, était un religieux byzantin de Sicile que son père avait racheté à grand prix d’une mise en captivité par les Arabes lors d’une razzia. Formé à diverses disciplines, Jean Damascène devint érudit en arithmétique, astronomie, géométrie, ainsi qu’en musique et théologie.

Ayant les mêmes compétences que son grand-père et son père, Jean reçut la charge de receveur fiscal pour toute la région de Damas, à une époque où se mettait en place le système de la dhimmitude. Les chrétiens étaient divisés entre Eglises aux options opposées, ce qui faisait le jeu de la progression islamique dans tout le Proche Orient occupé. Les taxes très lourdes incitèrent des familles chrétiennes à se convertir à l’islam. Peu à peu les chrétiens furent chassés de l’administration contrôlée par le pouvoir musulman.

Jean abandonna ses charges et devint moine à la laure de Saint Saba à Jérusalem. C’est là également qu’il fut ordonné prêtre en 735.

L’intérêt de son témoignage, c’est qu’il est le premier à réagir depuis l’intérieur de la société islamique et des mutations en cours. Il écrit plusieurs traités, toujours en grec. Son analyse de l’islam est contenue dans une vingtaine de pages ciblées avec courage.

Jean offre ainsi la toute première description chrétienne de l’islam et la réfutation de cette doctrine qu’il qualifie d’hérésie. Ce terme n’est pas à interpréter comme déviation à partir de la position chrétienne, mais comme une mouvance sectaire erratique. Il conteste radicalement la validité de la « révélation » de Mahomet.

Citons quelques passages-clé de son pamphlet :

Il y a chez les Ismaélites (=Arabes) une superstition trompeuse toujours agissante, et qui sert de précurseur à l’Antéchrist !

Un faux prophète survint au milieu d’eux, il s’appelait Mohamed. Il créera lui-même sa propre hérésie.

Il fit croire au peuple qu’il était un craignant-Dieu et fit propager la rumeur qu’une Sainte Ecriture lui avait été apportée du ciel. Et il mit par écrit des sentences qu’on ne peut que railler.

Il affirme que les Juifs voulaient crucifier Jésus et après l’avoir arrêté, ils crucifièrent son ombre, mais Christ lui-même n’a pas été crucifié et n’est pas mort.

Il introduisit dans cet Ecrit beaucoup d’autres absurdités dont on ne peut que se moquer, mais il insiste que cela lui a été apporté du ciel par Dieu !

En outre, ils nous appellent « associateurs », car, affirment-ils, nous introduisons un associé aux côtés de Dieu en disant que le Christ est le Fils de Dieu.

Vous nous appelez « associateurs » ? Nous, nous vous appelons « mutilateurs » de Dieu.

Ils nous accusent injustement d’être idolâtres parce que nous vénérons la croix et qu’eux la méprisent. A cela nous répondons : comment se fait-il que vous vous frottiez à une pierre à laquelle vous exprimez votre vénération en l’embrassant ?

Jean Damascène rédige également quelques réflexions permettant aux chrétiens de répondre aux objections courantes des musulmans. A la différence de la tendance actuelle propice au relativisme et à la confusion, il ne se prête pas à un « dialogue » avec l’islam, qu’il connaît de l’intérieur. Son but n’est pas que le chrétien s’ouvre à une autre religion, qu’il estime pernicieuse. Il expose à partir de ses convictions ce qu’il estime être des vérités premières, il ne réfute pas l’islam parce qu’il serait à ses yeux inférieur mais parce que ses fondements lui apparaissent irrecevables et faux.

Jean traite la question déterminante de la liberté humaine face à Dieu. Pour l’islam, le libre-arbitre n’existe pas, tout est prédestiné par Allah, le bien comme le mal. Jean met en lumière la contradiction entre cette vision et la justice de Dieu. Si l’homme n’est pas responsable, il ne peut être coupable. Pas de faute, pas de rédemption, pas de miséricorde divine, pas de projet humain. Jean insiste sur la différence entre l’engendrement naturel et l’engendrement spirituel, réalité inconnue des musulmans.

En dehors de ces propos réactifs et apologétiques adaptés à une situation bien précise, Jean Damascène rédige un traité important intitulé « Une présentation exacte de la foi orthodoxe ». A son époque, l’Eglise chrétienne est indivise, même si des interprétations théologiques suscitent de sérieux conflits internes. C’est ce qui fait que Jean Damascène a été reconnu comme saint dans l’Eglise orthodoxe et dans l’Eglise catholique. Sa mémoire est fêtée dans les deux communautés.

Le témoignage tonique de Jean Damascène, issu d’une génération confrontée à la première mise en place du pouvoir islamique en Orient, peut nous apporter certaines lumières pour réfléchir à la situation des idées et des forces en présence en Occident au début du 21ème siècle.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.

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11 février 2021 4 11 /02 /février /2021 08:18
Massacre d’Oradour-sur-Glane : les auteurs SS jamais emprisonnés

Le boucher d’Oradour-sur-Glane, Heinz Lammerding, né le 27 août 1905 à Dortmund et mort dans son lit, le 13 janvier 1971 à Bad Tölz, n’a pas fait une seule journée de prison pour le massacre de plusieurs centaines de civils dans des souffrances atroces.

En cette période d’hommage aux jeunes résistants français, via des livres bien documentés

https://fr.blastingnews.com/opinions/2020/08/les-editions-de-lastronome-retracent-lepopee-du-maquis-de-richemond-et-des-resistants-003185516.html

l’actualité se fige sur Oradour-sur-Glane, avec des tags sur le mémorial.

Et là, Emmanuel Macron fait très fort dans la récupération d’un fait divers.

Pour redorer son blason, Emmanuel Macron assure que “tout sera fait” pour poursuivre les auteurs des tags inscrits sur le centre de la mémoire d’Oradour-sur-Glane, lieu du massacre de 642 personnes en 1944 par des soldats allemands.

https://www.msn.com/fr-fr/actualite/monde/d%C3%A9gradations-du-site-doradour-sur-glane-emmanuel-macron-assure-que-tout-sera-fait-pour-poursuivre-les-auteurs/ar-BB18fF43

Mais depuis la fin de la guerre, les différents présidents de la République et leurs ministres n’ont jamais réussi à faire emprisonner les coupables de cet odieux massacre. Et, à plusieurs reprises, les généraux et officiers SS de la division “Das Reich” ont nargué l’État français et sa justice, notamment lors des obsèques du général Lammerding en 1971, avec leurs propos négationnistes.

https://www.lemonde.fr/archives/article/1971/01/21/aux-obseques-du-general-lammerding-l-ancien-chef-de-la-division-das-reich-est-qualifie-de-victime-tardive-de-l-affaire-de-tulle_3063389_1819218.html

Alors, on veut aujourd’hui mettre des moyens policiers et gendarmiques énormes pour retrouver les auteurs des tags de l’autre nuit sur le centre de la mémoire d’Oradour-sur-Glane, alors que l’État français n’a rien fait, depuis 1944, pour emprisonner les responsables et auteurs de ce massacre de 642 personnes. Comme pour le massacre du Bataclan d’ailleurs !

Certes, le général SS Lammerding n’était pas le seul officier impliqué. L’officier SS Adolf Diekmann dirigeait sur place les SS qui ont commis le massacre d’Oradour-sur-Glane, pire crime nazi en France. Tous ces responsables ont mené une vie paisible en Allemagne, après la guerre, et les gouvernements allemands ont toujours refusé leur extradition.

https://www.parismatch.com/Actu/Societe/Rainer-Diekmann-Mon-pere-etait-le-bourreau-d-Oradour-568652

Les mêmes individus avaient procédé à des massacres identiques sur le front russe.

https://ww2gravestone.com/waffen-ss-obergruppenfuhrer-heinz-lammerding/

Alors, qu’est-ce qui est le plus grave ?

Que des jeunes alcoolisés viennent taguer le mémorial un soir de beuverie ?  À moins que ces actes odieux aient été perpétré par un survivant de la division “Das Reich” de passage dans la région…

Ou que les auteurs de ce massacre soient restés impunis depuis 1944 ? Et les derniers survivants de la division “Das Reich” vont bientôt mourir dans leur lit, suite à l’inaction de tous les responsables de l’État français depuis 1944 !
https://www.nouvelobs.com/societe/20070814.OBS0469/l-assassin-d-oradour-sur-glane-est-mort.html

Francis GRUZELLE
Carte de Presse 55411

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25 décembre 2020 5 25 /12 /décembre /2020 21:17
Johan Ickx : L’aide apportée par le Vatican aux Juifs a été massive

Source : Lesalonbeige

Dans un livre-événement s’appuyant sur des milliers de documents inédits et intitulé Le Bureau. Les Juifs de Pie XII, l’archiviste du Vatican, Johan Ickx, révèle l’ampleur de l’activité du Saint-Siège en faveur des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Il a accordé un entretien au Figaro Magazine.

[…] La perception positive portée sur Pie XII juste après la guerre a été balayée par la pièce de Hochhuth, Le Vicaire, une création des services secrets soviétiques qui a joué un grand rôle dans le retournement de l’opinion publique dans tout l’Occident. Tous les historiens ont pris l’acte d’accusation de cette invention théâtrale – ami des nazis, Pie XII aurait sciemment détourné le regard et gardé le silence sur la persécution et l’extermination des Juifs – comme point de départ pour construire leur «vérité», mais sans connaître les pièces essentielles et originales que j’expose et développe dans mon livre. Sans compter qu’ils se sont souvent appuyés sur un seul document, étudié à la loupe quand celui-ci semblait aller dans le sens de leur «cause».

Le livre est plein d’éléments nouveaux, mais je voudrais en mentionner trois en particulier. D’abord, la réalité d’une aide constante du Vatican aux Juifs de toute l’Europe – individus ou familles, via l’action d’un desk officer de la secrétairerie d’État, à qui avait été spécifiquement confiée cette mission quotidienne: Mgr Dell’Acqua. Et il est à noter qu’il y a seulement quelques mois, cette personne chargée de sauver les Juifs a subi soudain une campagne de diffamation et a été traité d’antisémite… C’est une diffamation lourde, même post mortem. Cela montre bien combien on continue à «créer» de l’Histoire sur Pie XII. C’est la même technique depuis cinquante ans: délégitimer auprès du grand public les personnages autour de Pie XII pour projeter indirectement une ombre accusatrice sur le pape.

Deuxième élément, très important, qui mérite d’être étudié par les spécialistes: la rupture diplomatique définitive entre l’Église catholique et le gouvernement nazi le 17 mars 1943, après la découverte d’une note du Saint-Siège critiquant la persécution religieuse pratiquée en Allemagne et dans les territoires occupés. Resté secret jusqu’à aujourd’hui, c’est un fait important parce qu’à partir de cette date, le Saint-Siège, qui a été diplomatiquement déclaré en guerre, est mis hors-jeu dans tous les pays occupés par les nazis. À partir de cette date, la «guerre froide» entre le Vatican et le régime nazi a commencé.

Enfin, j’ai trouvé la confirmation du fil rouge qui lie la Seconde à la Première Guerre mondiale: ses figures cardinales (Hitler, Pacelli, certains cardinaux et les Juifs qui ont servi leur patrie pendant la Grande Guerre), certaines réalités (déportations et camps de concentration), la pensée même du futur pape autour du peuple juif (expliqué dans un document officiel du Saint-Siège en 1916 et considéré, par le Comité juif américain à New York comme «encyclique»!), quand il était le ministre des Affaires étrangères du Vatican. Il est surprenant de voir comment tous ces éléments retracent ou trouvent leur genèse dans et pendant la Première Guerre mondiale. […]

On découvre dans votre livre le haut degré de persécutions subies durant la guerre par l’Église catholique. Vous attendiez-vous à cela?

J’étais au courant de cette persécution de l’Église catholique, déjà entamée en Allemagne dans les années 1930, avec notamment des décapitations de prêtres, mais je dois avouer que les dimensions réelles lors de la Seconde Guerre mondiale racontées par les documents des Archives historiques m’ont laissé perplexe. À l’Est en particulier, d’innombrables innocents, hommes, femmes et enfants ont été confrontés à l’horreur des tortures et des massacres, d’abord perpétrés par les Soviétiques puis par les nazis. Il me semble que dans l’historiographie de la Seconde Guerre mondiale il existe encore une lacune à cet égard. Je raconte dans un chapitre le danger constant pour n’importe quel fidèle catholique et l’élimination des classes intellectuelles et savantes dans les territoires occupés, surtout en Pologne. Le réseau d’informateurs, des hommes qui souvent méprisaient la mort, est remarquable. Du début de l’invasion en Pologne les massacres commis par les nazis sur la population sont rapportés soit par l’ambassade de Pologne près du Saint-Siège, soit par des membres du clergé et des catholiques polonais. Ils décrivent une cascade de terreur et de massacres sur la population catholique.

Peut-on mesurer le niveau d’aide apportée par le Vatican aux Juifs, et le rôle précis de Pie XII dans cette aide? A-t-il fait, à vos yeux, tout ce qu’il pouvait faire?

L’aide du Vatican a été massive. Ma réponse peut surprendre le lecteur, mais il faut voir la réalité. Le Saint-Siège a mis en branle un réseau international d’aide et de secours qui a continué à fonctionner là ou d’autres organisations ont cessé d’agir (par impossibilité) 24 heures sur 24. De plus, les nonces et les représentants diplomatiques du pape Pie XII ont cherché, non sans suivre les instructions directes, à trouver toutes les voies possibles pour sauver des Juifs. Le mot-clé dans tout cela est «possible», car celui qui vivait la réalité du nazisme féroce ne «pouvait» presque rien faire. […]

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21 septembre 2020 1 21 /09 /septembre /2020 19:22
Histoire de Lucilius Quintus
Après l’engagement de Pierre et de Paul à Rome au 1er siècle, et leur mort en martyrs de la foi, le christianisme se répand dans tous les milieux romains en raison de son message d’espérance. Des proches de l’aristocratie au pouvoir, tout comme de simples dockers du port et des esclaves se convertissent au Christ, et se réunissent secrètement dans des assemblées présidées par des anciens pour la parole de Dieu et la fraction du pain eucharistique. Dans les premiers siècles, des chrétiens se réfugient dans les catacombes de Rome pour les célébrations devenues dangereuses.

 

Au 3ème siècle, Hippolyte est un soldat de la garde impériale, chargé de la surveillance de Laurent, un diacre de l’Eglise clandestine, enfermé dans une des prisons de Rome. Il attend son sort sereinement, incarcéré avec beaucoup d’autres, arrêtés à la demande de l’empereur Valérien dans le cadre d’une féroce répression. Impressionné par la foi communicative de Laurent, Hippolyte se convertit au christianisme et se fait baptiser par le diacre Laurent avec 19 personnes de son entourage. Laurent puis Hippolyte seront mis à mort par ordre de l’empereur.

 

Dans la même période, Lucilius Quintus est un jeune homme qui cherche sa voie dans une société romaine en déclin moral. Il a entendu parler du témoignage de Laurent et d’Hippolyte, et il promet au Christ de consacrer sa vie à faire le bien. Dénoncé par un de ses amis, il s’enfuit à la campagne, loin de Rome, de crainte d’être mis aux fers avant d’avoir pu commencer à agir, et le soir venu, il cherche où passer la nuit. Il aperçoit l’entrée d’une grotte dans un lieu désert où il sera en sécurité.

La nuit tombe et Lucilius s’installe dans un coin de la grotte, il fait très sombre et Lucilius entend comme un gémissement, une sorte de râle. Il tâtonne et s’approche, pour découvrir dans un rayon de lune, qu’un lion est étendu au sol, fiévreux, avec une énorme épine plantée dans la patte. Lucilius retire délicatement l’épine et verse un peu d’eau sur la plaie pour nettoyer le sang. Puis il s’endort, apaisé d’avoir peut-être sauvé la vie de cet animal. Le lendemain matin, Lucilius se demande s’il n’a pas rêvé, car le lion n’est plus présent dans le fond de la grotte. Il a disparu durant la nuit.

Reprenant sa marche, Lucilius se rend chez des amis, puis au bout d’un temps il retourne à Rome pour visiter ses vieux parents. Entre temps, l’empereur Valérien a durci sa politique envers l’Eglise naissante. Il publie un décret décidant que les évêques, les prêtres et les diacres seront immédiatement mis à mort. Il précise que les fonctionnaires impériaux confessant la foi chrétienne seront dépossédés de leurs biens et arrêtés. C’est sur son chemin qu’une patrouille militaire intercepte Lucilius et l’enchaîne pour le conduire en prison. Il s’y retrouve avec une dizaine de chrétiens de tous âges que l’empereur a décidé de faire mourir en fin de semaine dans le grand amphithéâtre. Tous prient le Notre Père pour illuminer leur âme dans les ténèbres glaçantes de la prison.

Le jour de l’exécution arrive, les chrétiens sont poussés dans le cirque, sous les cris et les huées de milliers de spectateurs, assemblés sur les gradins pour se délecter du spectacle que les fauves affamés vont leur offrir.

La grille est levée, les fauves se précipitent dans l’arène. Lucilius se tient prêt à donner sa vie. Un énorme lion se lance vers lui, Lucilius remet son âme à Dieu, mais étonnamment, il ne se passe rien : le lion s’est agenouillé devant lui et lui lèche les mains. C’est alors que Lucilius aperçoit une énorme cicatrice dans la patte de l’animal qui le regarde sans aucune agressivité…

Devant un tel prodige, Lucilius est gracié par l’empereur, et libéré, il reçoit le baptême, devient diacre, et met dès lors toutes ses forces à réunir de nouveaux convertis venus des quartiers pauvres de Rome, mais aussi provenant de familles de notables. Au plus fort de la répression, des chrétiens de culture gréco-romaine et d’autres de culture hébraïque se retrouvent pour chanter, quoi qu’il arrive, la gloire du Dieu trois fois saint !

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.

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15 septembre 2020 2 15 /09 /septembre /2020 04:07
Clément, un juif parmi les premiers évêques de Rome
Eusèbe de Césarée et Epiphane donnent une liste précise des 15 premiers évêques de Jérusalem jusqu’au choc de 135, lorsque l’empereur Hadrien vient écraser la révolte juive et débaptiser la ville sainte en Aelia Capitolina.

 

Or ces quinze premiers évêques de l’Eglise-mère, à la suite de Jacques et de Simon son frère, sont tous juifs observants. Ils sont circoncis, pratiquent le shabbat et prient au Temple, jusqu’à sa destruction en l’an 70 par Titus fils de Vespasien. Le dernier de ces évêques hébreux est Jude, qui sera mis à mort en 135 avec beaucoup d’autres juifs massacrés par Hadrien.

 

On a peu de détails historiques sur ce qu’était la vie des premières communautés judéennes disciples de Jésus ressuscité. Les Actes des Apôtres, le livre attribué à Luc, nous donne une version remaniée en faveur des Gentils devenus majoritaires dans l’Eglise. Le ministère de Shaoul Ha Qatan, (Paul), actif auprès des juifs de diaspora et des païens convertis, y trouve une place plus significative que Pierre, dont le nom hébreu est « Eben », pierre de construction, de proximité linguistique avec « ben » = fils, ou prolongation.

La vie des juifs de Judée adeptes de « la Voie » (pas encore appelés « christianoï ») est assez peu décrite, car éloignée des milieux qui seront rédacteurs du Nouveau Testament et adaptateurs de la foi originelle à la culture grecque.

On est frappé par la diffusion fulgurante du messianisme christique en Asie mineure dans la diaspora, dès le 1er siècle, par l’adhésion massive des rabbins de sensibilité universaliste. Une foi nouvelle qui s’est d’abord diffusée à partir de Jérusalem, en Judée, Samarie, et Galilée, jusqu’à Rome où résidait une importante population juive. 

Jérusalem, la cité sainte, va bien sûr rester la référence symbolique de l’Eglise-mère, mais Rome prend peu à peu paradoxalement de l’importance, tout en étant à la fois centre de l’Empire persécuteur et référence fondatrice lors du martyre de Pierre et Paul, source d’autorité doctrinale. (Ce n’est pas qu’une vision catholique, car parmi d’autres, le théologien protestant Oscar Cullmann valide l’historicité de la mort de Pierre et Paul à Rome entre 62 et 67).

A Rome, Clément, ce membre de la communauté juive locale, va jouer un rôle décisif, car il sera en responsabilité épiscopale de 92 à 99 dans une période très agitée. Il est parfois appelé « pape », pour dire « successeur de Pierre », ce qui est anachronique, puisque l’appellation « pape » est un terme grec qui n’apparaît que plus tard, pour être ensuite attribué globalement et rétrospectivement à tous les évêques de Rome.

Clément est né à Rome, c’est un citoyen romain, comme Paul. On le considère comme le 1er père apostolique, car dans la seconde moitié du premier siècle, il adresse une lettre célèbre à la communauté des Corinthiens, un document intitulé « Lettre de l’Eglise de Rome à l’Eglise de Corinthe », qualifié par Eusèbe de Césarée de « puissante missive, pleine d’autorité ecclésiale ».

Clément est vénéré comme saint par l’Eglise catholique, l’Eglise orthodoxe, l’Eglise copte et l’Eglise anglicane. Irénée de Lyon (2ème s.) mentionne Clément dans sa liste des successeurs de Pierre, en insistant sur le fait que ce chef d’Eglise a côtoyé les apôtres, qu’il s’est entretenu avec eux, fortement marqué par leur prédication et leur catéchèse du Christ. Irénée souligne le fait que la « Tradition (transmission du kerygme originel) des Apôtres » est présente en permanence à l’esprit de Clément pour accomplir son ministère de présidence.

La lettre de Paul aux Philippiens (4,3) témoigne de la présence de Clément parmi les collaborateurs de Paul. Parlant de deux femmes Evodie et Syntyche, Paul demande qu’on leur vienne en aide « elles qui ont combattu pour l’évangile avec moi, et avec Clément et mes autres compagnons d’œuvre dont les noms sont dans le livre de vie »

Eusèbe de Césarée précise que Clément est encore évêque de Rome lorsque Trajan succède à Nerva en 98. Autre témoignage, le « Pasteur d’Hermas », un document chrétien ancien dont la version finale date du début du 2ème siècle mais qui comporte des éléments antérieurs contemporains de l’époque de Clément.

En effet, un passage du texte dit : « Voici un petit livre à donner aux élus de Dieu… » Puis le visionnaire auteur de l’ouvrage ajoute : « Quand j’aurai tout rédigé, tu le feras connaître à tous les élus. Tu enverras une copie à Clément, et Clément l’enverra aux autres villes, c’est sa mission ! Tu le liras à la ville en présence des presbytres qui dirigent l’Eglise ». On a discerné dans cet extrait la trace de l’organisation hiérarchique de l’Eglise primitive, avec une mission particulière de Clément dans la fonction qui lui est propre.

Selon certains récits postérieurs, Clément est mort en martyr, condamné à   être exécuté comme beaucoup de juifs et de chrétiens (la différence confessionnelle n’existe pas encore aux yeux des autorités romaines). C’est une condamnation « pour athéisme », accusation résultant du refus de diviniser l’empereur de Rome et de brûler l’encens devant son effigie. Des récits racontent que face au refus de l’évêque Clément d’honorer les dieux officiels, l’empereur Nerva décida de l’envoyer aux travaux forcés pour extraire du marbre à Chersonèse. Malgré la tâche exténuante, sa foi lumineuse fit des conversions parmi ses compagnons de bagne. Puis Trajan arrivé au pouvoir s’irrita de l’aura acquise par Clément et il décida d’attacher une ancre de marine au cou de l’évêque et il le fit précipiter dans la mer Noire.

LA LETTRE DE L’EGLISE DE ROME A L’EGLISE DE CORINTHE, signée Clément.

L’épître de l’évêque Clément aux Corinthiens a été rédigée en 95, à la fin du règne de Domitien. Elle est considérée comme le premier document d’Eglise non canonique mais contemporain de la rédaction du Nouveau Testament. Elle est envoyée aux chrétiens de Corinthe avant même que soit publiée la version finale de l’évangile de Jean (109).

La communauté chrétienne de Corinthe était en proie à de graves divisions internes, en raison, semble-t-il d’une contestation par la base, du ministère des presbytres en charge pastorale. Conflit de générations, ou tiraillements entre cultures juive et grecque, revendications charismatiques, divers éléments expliquent le fait que des groupes aient démis de leurs ministères des pasteurs irréprochables. C’est avec une bonté paternelle et un souci équitable que Clément demande le rétablissement des pasteurs légitimes dans leurs fonctions et l’apaisement dans les relations communautaires. La formulation de la lettre démontre que l’organisation hiérarchique de l’Eglise est déjà en place mais pas encore fixée, les presbytres et les épiscopes ainsi que les diacres n’ayant pas atteint un statut bien défini au sein des assemblées. Pour appuyer sa conciliation, Clément, connaisseur de la culture biblique, fait abondamment appel à des passages du Premier Testament (dont la place tient un quart de toute l’épître). Parmi les références retenues par Clément on trouve : Caïn, Esaü, Hénoch, Noé, Abraham et bien d’autres. On reconnaît dans les passages cités la version biblique de la Septante, mais la judéité de Clément s’exprime par des expressions comme avinou Abraham, avinou Yaacov, notre père Abraham, notre père Jacob. Le nom de Dieu est remplacé par « Il » en signe de respect du Tétragramme, mais on décèle aussi des références à des traditions apocryphes juives connues à l’époque (ex : l’assomption de Moïse). Certains échos de la Règle de Qumrân y sont également repérables, pour évoquer le rôle de chacun dans la communauté.

En conclusion, ce document, est très proche de l’époque apostolique et de la mise en œuvre mémorielle de la Tradition vivante sous la forme des Ecrits canoniques du Nouveau testament. Cette épître de Clément est la première manifestation de la préséance de l’Eglise de Rome dans le concert des communautés en croissance. Le rôle de l’évêque de Rome apparaît comme un service de l’unité et un rappel des fondamentaux de la foi judéo-chrétienne. Etonnamment, si l’auteur du 4ème évangile vivait encore à Patmos, c’est plus lointainement, de Rome, que venait l’exhortation adressée aux Corinthiens.

Origène présente Clément de Rome comme « disciple des Apôtres ». Il y a un texte du grand Irénée de Lyon, au 2ème s. , qui s’est battu contre les menaces de scission de groupes dissidents et qui a rappelé la nécessité d’un pôle d’autorité. Il écrit : « La grande Eglise très ancienne et connue de tous, a été fondée et constituée à Rome par les deux glorieux apôtres Pierre et Paul. La tradition qu’elle tient des apôtres et la foi qu’elle a annoncée aux hommes sont parvenues jusqu’à nous par des successions d’évêques. C’est donc avec cette Eglise de Rome, en raison de sa puissante et légitime autorité de fondation, que doit nécessairement s’accorder toute Eglise ».

Tertullien (fin 1er s.) écrit que Clément a reçu sa mission par imposition des mains de Pierre lui-même.

Certains spécialistes estiment que Clément est aussi l’auteur de la lettre aux Hébreux. On retrouve dans la lettre aux Corinthiens des emprunts facilement reconnaissables et le style est le même dans les deux documents.

Clément évêque de Rome nous a laissé une épître de l’époque apostolique où transparaît le profil d’un judéo-chrétien passionné dans ses convictions bibliques et modéré dans ses exhortations fraternelles. Un témoin du Christ qui est allé jusqu’à donner sa vie par amour pour le monde à venir.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.

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