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2 février 2020 7 02 /02 /février /2020 20:45
La menace d’Erdogan contre la culture occidentale

Erdogan est accusé d’avoir fourni une base aux terroristes du Hamas pour planifier des attaques contre Israël, mais il a également fait de la Turquie une base pour attaquer toute la culture occidentale.

 

Traduction d’un article de Giulio Meotti

La controverse autour de l’attribution du prix Nobel de littérature à l’écrivain autrichien Peter Handke ne s’est pas apaisée. Le porte-parole de la présidence turque, Ibrahim Kalin, s’est adressé au comité du prix Nobel et a demandé que l’écrivain, coupable de s’être rangé du côté des Serbes pendant la guerre des Balkans, se voie refuser ce prix :

« Le prix Nobel à Handke est une décision honteuse qui doit être annulée ».

La Turquie a pris la tête d’un certain nombre de pays musulmans qui ont protesté contre Handke. L’ambassadeur turc en Suède, Hakki Emre Yunt, a déclaré au radiodiffuseur turc Hurriyet qu’il n’assisterait pas à la cérémonie, tandis que le président Recep Tayyip Erdogan a déclaré que l’Académie suédoise avait déjà remis le prix Nobel à un « terroriste turc », une référence à Orhan Pamuk (le seul autre prix Nobel turc, le biochimiste Aziz Sancar, ne serait pas connu pour être un critique gouvernemental).

La Turquie, à la même époque, empêcha l’un de ses écrivains les plus célèbres, Ahmet Altan, de s’envoler pour Munich afin de recevoir le prix Geschwister-Scholl, qui porte les noms des fondateurs du groupe de résistants « la Rose blanche » exécutés par les Nazis. En septembre 2016, Altan, fondateur du journal Taraf, désormais interdit, a été arrêté pour avoir participé à la tentative de coup d’Etat contre Erdogan. Le 16 février 2018, l’écrivain a été condamné à la réclusion à perpétuité pour avoir « diffusé un message subliminal » lors d’une émission de télévision la veille du coup d’État.

« Vous pouvez m’emprisonner mais vous ne pouvez pas me garder ici. Parce que, comme tous les écrivains, je peux facilement traverser vos murs », écrivait Altan dans « I Will Never See the World Again », le livre écrit dans sa cellule dans la prison de haute sécurité de Silivri.

Le 4 novembre dernier, Altan a été libéré à la condition qu’il se présente régulièrement à la police. Il y a quelques jours, il a subi une nouvelle arrestation.

L’écrivain turc et lauréat du prix Nobel Pamuk, qui a été jugé en 2005 à Istanbul et publiquement attaqué hier par Erdogan, a déclaré au Süddeutsche Zeitung : « Tant que les injustices systématiques contre Altan se poursuivront et que nous garderons le silence, ce sera honteux pour nous et notre humanité. »

Altan n’est pas le seul écrivain turc à avoir fini en prison.

Le poète Nedim Türfent est en prison depuis 1250 jours, coupable d’avoir écrit sur les violations des droits humains au Kurdistan.

Une autre romancière célèbre, Asli Erdogan, était en prison lorsqu’en Allemagne lui fut remis le Prix de la paix du nom d’Erich Maria.

L’écrivain Sevan Nisanyan a été condamné à treize mois de prison pour ironie sur le prophète Mahomet.

Et à la demande d’Erdogan, Interpol a arrêté un autre écrivain turc en vacances en Espagne, Dogan Akhanli, coupable d’avoir placé son roman « Kiyamet Gunu Yargiclari » (Les juges du jugement dernier) durant le génocide arménien.

Maintenant, la Turquie voudrait que Handke soit privé du prix Nobel de littérature. Quelqu’un devrait expliquer à Erdogan que la frontière, tout d’abord morale et culturelle, entre l’Europe et la Turquie est toujours tracée sur le Bosphore. Et devrait y rester.

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