Un ordinateur quantique (Un ordinateur quantique (ou rarement calculateur quantique) repose sur des propriétés quantiques de la matière : superposition et intrication d'états quantiques. De petits
ordinateurs quantiques ont déjà été construits dans les années...) (ou rarement calculateur quantique) repose sur des propriétés quantiques de la matière : superposition (En mécanique quantique, le
principe de superposition stipule qu'un même état quantique peut possèder plusieurs valeurs pour une certaine quantité observable (spin, position, quantité de mouvement etc.)) et
intrication d'états quantiques. De petits ordinateurs quantiques ont déjà été construits dans les années 1990 et des progrès sont en cours. C'est un domaine en plein essor soutenu
financièrement par de nombreuses organisations, entreprises ou gouvernements, du fait de l'importance de l'enjeu : certains algorithmes conçus pour la logique des ordinateurs quantiques
rendraient possibles des calculs inimaginables avec un ordinateur classique. Ainsi, des algorithmes quantiques mettant à mal des méthodes cryptographiques classiques très répandues sont souvent
mis en avant. La difficulté actuelle majeure concerne la réalisation physique
(La physique (du grec φυσικη) est étymologiquement la science de la nature. Son champ d'application actuel est néanmoins plus restreint : la
physique décrit de façon à la fois quantitative et...) de l'élément de base de l'ordinateur quantique : le qubit (On nomme qubit (quantum + bit ; prononcé /kyoobit/),
parfois écrit qbit, l'état quantique qui représente la plus petite unité de stockage d'information quantique. Il se compose d'une superposition de deux états de base, par
convention...). Le phénomène de décohérence, c’est-à-dire de perte des effets quantiques sur le long terme, est le principal frein (Un frein est un système permettant de ralentir, voire
d'immobiliser, les pièces en mouvement d'une machine ou un véhicule en cours de déplacement.) au développement de l'ordinateur quantique.
Intérêts des ordinateurs quantiques
Si de grands (plus de 256 qubits) ordinateurs quantiques peuvent être construits — ce qui n'est pas assuré — ils seront capables de résoudre des problèmes de décryptage et d'accès à
l'information plus vite que tout ordinateur classique. Les ordinateurs quantiques font appel à des techniques de calcul totalement différentes de celles habituellement connues. Ils se basent
sur des propriétés quantiques de la matière (La matière est la substance qui compose tout corps ayant une réalité tangible. Ses trois états les plus communs sont l'état solide, l'état liquide, l'état gazeux. Elle occupe
de l'espace et la...). De nombreux systèmes (transistors des ordinateurs classiques, afficheurs LCD, imprimantes à laser (L'effet laser est un principe d'amplification cohérente de
la lumière par émission stimulée. Laser est l'acronyme anglais de « Light Amplification by...)...) exploitent déjà des effets quantiques dans leur fonctionnement, mais ils
utilisent des bits classiques en opposition aux qubits (bits quantiques) utilisés en informatique (L'informatique désigne l'automatisation du traitement
de l'information par un système, concret (machine) ou abstrait. Dans son acception courante, l'informatique désigne...) quantique. Des algorithmes s'appuyant sur les
caractéristiques des ordinateurs quantiques pour décrypter des données (Dans les technologies de l'information (TI), une donnée est une description élémentaire, souvent codée, d'une chose, d'une transaction d'affaire,
d'un événement,...) protégées par le très courant code RSA existent déjà. L'ordinateur quantique est donc un enjeu majeur dans la sécurité des communications, et donc de
l'économie et des états. Des moyens de cryptage (En cryptographie, le chiffrement (parfois appelé à tort cryptage) est le procédé grâce auquel on peut rendre la compréhension d'un document impossible à toute personne
qui n'a pas la clé de...) quantique qui sont supposés se substituer au RSA dans l'hypothèse de la création effective d'un ordinateur quantique sont déjà disponibles dans le
commerce. Ils nécessitent cependant une mise en place plus complexe.
Même si les problèmes techniques posés par la réalisation d'ordinateurs quantiques sont résolus à terme, leur avenir commercial (Un commercial (une commerciale) est une personne dont
le métier est lié à la vente.) immédiat ne semble pas se situer dans le grand public. Le calcul quantique exige peu d'entrées et peu de sorties. Il ne se prête donc a priori
qu'aux calculs dont la complexité (La complexité est une notion utilisée en philosophie, épistémologie (par exemple par Anthony Wilden ou Edgar Morin), en physique, en biologie (par exemple par Henri Atlan),
en...) réside dans la combinatoire (En mathématiques, la combinatoire, appelée aussi analyse combinatoire, étudie les configurations de collections finies d'objets ou les combinaisons d'ensembles finis, et
les dénombrements.). On trouve ces problèmes dans l'ordonnancement et autres calculs de recherche opérationnelle (La recherche opérationnelle (aussi
appelée aide à la décision) peut être définie comme l'ensemble des méthodes et techniques rationnelles d'analyse et de synthèse des...), en bioinformatique, et surtout en
cryptographie (La
cryptographie est une des disciplines de la cryptologie s'attachant à protéger des messages (assurant confidentialité, authenticité et intégrité) en s'aidant souvent de secrets ou
clés.).
Algorithmes quantiques
La logique des ordinateurs quantiques permet de nouvelles opérations que n'autorise pas la logique classique. De nouveaux algorithmes tirant parti de ces possibilités ont ainsi été
imaginés pour les ordinateurs quantiques. Le gain en complexité algorithmique est le stimulant principal des recherches dans ce domaine.
Ainsi il peut être très difficile de trouver tous les facteurs premiers d'un grand nombre (Un nombre est un concept caractérisant une unité, une
collection d'unités ou une fraction d'unité.) (par exemple de 1000 chiffres). Ce problème de factorisation est difficile pour un ordinateur ordinaire à cause de l'explosion combinatoire (On nomme explosion
combinatoire en recherche opérationnelle, et en particulier dans le domaine de la programmation dynamique, le fait qu'un petit changement du nombre de données à considérer dans un problème par
ailleurs trivial peut suffire...). Un ordinateur quantique pourrait résoudre ce problème en un temps (Le temps est un concept développé pour représenter la
variation du monde : l'Univers n'est jamais figé, les éléments qui le composent bougent, se transforment et évoluent pour l'observateur qu'est...) linéaire : si un nombre est
représenté par n bits (c'est-à-dire long de n chiffres binaires), alors un ordinateur quantique avec plus de 2n qubits peut trouver ses facteurs. Il peut aussi
résoudre un problème connexe, celui du logarithme (En mathématiques, une fonction logarithme est une fonction définie sur à valeurs dans , continue et transformant un produit en somme. Le logarithme de base a où a est un
réel...) discret.
Cette capacité permettrait à un ordinateur quantique de casser une bonne partie des systèmes cryptographiques actuellement utilisés, en particulier la plupart des méthodes de chiffrement (En cryptographie, le
chiffrement (parfois appelé à tort cryptage) est le procédé grâce auquel on peut rendre la compréhension d'un document impossible à...) asymétriques : RSA, ElGamal ou
Diffie-Hellman. Ces algorithmes sont utilisés pour protéger des pages Web, des messages électroniques, et beaucoup d'autres types de données. Parvenir à passer ces protections serait un
avantage majeur pour l'organisation (Une organisation est) ou le pays (Pays vient du latin pagus qui désignait une subdivision territoriale et tribale d'étendue restreinte (de l'ordre de quelques centaines de km²),
subdivision de la...) qui y parviendrait.
La seule façon de rendre sûr un algorithme tel que RSA serait d'augmenter la taille de la clé (et donc la lenteur du codage) jusqu'à ce qu'elle soit plus grande que le plus grand des
ordinateurs quantiques jamais construits. Or la taille des moyens de calcul dont dispose par exemple la National Security Agency ne sera évidemment jamais rendue publique. La conséquence en est
que les pays ou organismes voulant se protéger verront augmenter de plusieurs ordres de grandeur le coût et le délai de leurs communications, sans jamais être certains pour autant que
cela sert à quelque chose. Si le RSA peut donc être rendu sûr, ce sera malheureusement au prix d'une lourde réorganisation des communications d'entreprise, de leur coût, et de leur commodité.
Les ordinateurs quantiques pourraient être utilisés pour des simulations de mécanique
quantique (Fille de l'ancienne théorie des quanta, la mécanique quantique constitue le pilier d'un ensemble de théories physiques qu'on
regroupe sous l'appellation générale de physique quantique....). C'est la raison pour laquelle on les avait imaginés au départ. L'accélération (Dans la vie courante, on distingue trois événements
que le physicien regroupe sous le seul concept d'accélération :) pourrait être aussi grande qu'avec la factorisation. Ce serait d'un grand bénéfice pratique pour beaucoup de
physiciens, car les calculs quantiques deviennent extrêmement complexes dès qu'on sort de quelques cas triviaux.
Un quatrième algorithme a été découvert plus récemment : la recherche (La recherche scientifique désigne en premier lieu l’ensemble des actions entreprises en vue de produire et de développer les connaissances
scientifiques. Par extension métonymique, la recherche scientifique...) quantique rapide dans une base de données (en anglais: quantum database search) par l'algorithme de Grover. Au lieu de parcourir tous les éléments d'une liste pour
trouver celui qui répond le mieux à un critère (par exemple : recherche d'un individu (Le Wiktionnaire est un projet de dictionnaire libre et
gratuit similaire à Wikipédia (tous deux sont soutenus par la fondation Wikimedia).) dans le botin à l'aide de son numéro de téléphone), cet algorithme utilise des propriétés de
superposition pour que la recherche se fasse de façon globale. Les résultats devraient être en
, N étant le nombre de fiches, soit mieux qu'une
base de données classique bien optimisée, sous réserve de disposer d'un registre quantique de taille suffisante pour les calculs.
L'ordinateur quantique a donc un avantage sur les ordinateurs classiques dans quatre types d'applications :
Historique
Dans les années 1970 et 80, les premiers ordinateurs quantiques naissent par retournement dans l'esprit de physiciens tels que Richard Feynman, Paul Benioff, David Deutsch ou Charles Bennett.
L'idée de Feynman était : " Au lieu de nous plaindre que la simulation des phénomènes quantiques demande des puissances énormes à nos ordinateurs actuels, utilisons la puissance (Le mot puissance est employé
dans plusieurs domaines avec une signification particulière :) de calcul des phénomènes quantiques pour faire plus puissant que nos ordinateurs actuels ".
Longtemps les physiciens ont douté que les ordinateurs quantiques utilisables puissent exister, et même qu'on puisse en faire quelque chose de viable s'ils existaient. Mais :
- en 1994, Peter Shor, chercheur (Un chercheur (fem. chercheuse) désigne une personne dont le métier consiste à faire de la recherche. Il est difficile de bien cerner le métier de chercheur tant les
domaines de recherche sont diversifiés et impliquent...) chez AT&T, montre qu'il est possible de factoriser des grands nombres dans un temps raisonnable à l'aide d'un
ordinateur quantique. Cette découverte débloque brusquement des crédits ;
- en 1996, Lov Grover, invente
un algorithme basé sur les ordinateurs quantiques permettant de trouver une entrée dans une base de données non-triée en
(Voir Complexité algorithmique) ;
- en 1998, IBM (International
Business Machines Corporation (IBM) est une société multinationale américaine présente dans les domaines du matériel informatique, du logiciel et des services informatiques.) est
le premier à présenter un ordinateur quantique de 2 qubits ;
- en 1999, l'équipe d'IBM utilise l'algorithme de Grover sur un calculateur de 3 qubits et battent leur record l'année (Une année est une unité de temps exprimant la durée entre
deux occurrences d'un évènement lié à la révolution de la Terre autour du Soleil.) suivante avec un ordinateur de 5 qubits ;
- le 19 décembre 2001, IBM crée un ordinateur quantique de 7 qubits et factorise le nombre 15 grâce à l'algorithme de Shor. Ces ordinateurs à 7 qubits sont bâtis autour de molécules de chloroforme et leur durée de vie utile ne dépasse
pas quelques minutes ( Forme
première d'un document : Droit : une minute est l'original d'un acte. Cartographie géologique ; la minute de terrain est la carte...). On parle par dérision de wetware.
- 2006 :
- Le professeur au MIT Seth Lloyd, pionnier du calcul quantique et auteur du livre Hacking the universe mentionne dans le numéro d'août 2006 de la revue Technology Review (page 24) l'existence d'ordinateurs quantiques a 12 qubits.
- L'institut de traitement de l'information quantique de l'université
(Une université est un établissement d'enseignement supérieur dont l'objectif est la production du savoir (recherche), sa conservation
et sa transmission (études...) d'Ulm en Allemagne presente en avril 2006 la première micropuce européenne linéaire tridimensionnelle qui piège plusieurs atomes (Un atome (du grec ατομος,
atomos, « que l'on ne peut diviser ») est la plus petite partie d'un corps simple pouvant se combiner chimiquement avec une...) ionisés Ca+ de manière isolée.
La controverse D-Wave
- 2007 : La société D-Wave annonce officiellement le 13 février avoir
réalisé un ordinateur quantique à base solide de 16 qubits. Ce calculateur serait cependant limité a
certaines opérations quantiques. Aucun prototype n'a été dûment testé par des spécialistes reconnus des ordinateurs quantiques, pour des raisons alléguées de secret industriel (le prototype
n'était pas présent durant la conférence). Ces machines utiliseraient une puce nommée Europa qui fonctionne uniquement en milieu cryogénique. Refletant le sentiment d'une partie de la communauté scientifique (Un scientifique est une personne qui se consacre à
l'étude d'une science ou des sciences et qui se consacre à l'étude d'un domaine avec la rigueur et les méthodes scientifiques.), Scientific American reste réservé (lien). Les problèmes combinatoires résolus (Sudoku) le sont
moins vite qu'avec un simple ordinateur. Il n'y a la rien de surprennant au vu des caracteristiques de l'appareil, mais par conséquent on ne peut exclure totalement une opération du type Turc
mécanique (Dans le langage
courant, la mécanique est le domaine des machines, moteurs, véhicules, organes (engrenages, poulies, courroies, vilebrequins, arbres de transmission, pistons, ...), bref, de tout ce qui
produit ou transmet un mouvement, une...) ayant simplement pour objectif de lever des fonds, d'autant que D-wave promet un ordinateur quantique à 32 qubits pour la fin de
l'année, et un ordinateur à 512 puis à 1024 qubits d'ici l'année prochaine. Si de tels résultats sont obtenus, ce serait une véritable révolution informatique.
Réalisations physiques
Un ordinateur quantique pourrait être implémenté à partir de toute particule pouvant avoir deux états à la fois excités et non excités au même moment. Ils peuvent être construits à
partir de photons (En physique
des particules, le photon est la particule élémentaire médiatrice de l'interaction électromagnétique. Autrement dit, lorsque deux particules chargées électriquement interagissent, cette
interaction se traduit d'un point de...) présents à deux endroits au même moment, ou à partir de protons et de neutrons ayant un spin (Le spin est une propriété quantique intrinsèque associée à
chaque particule, qui est caractéristique de la nature de la particule, au même titre que sa masse et sa charge électrique. Elle permet de caractériser le comportement de la
particule...) positif, négatif ou les deux en même temps tant qu'ils ne sont pas observés.
Contraintes physiques
Une molécule microscopique pouvant contenir plusieurs millions de protons et de neutrons, on pourrait imaginer de les utiliser comme ordinateurs quantiques avec plusieurs millions de qubits,
mais le calcul quantique exige du système qui le porte deux contraintes fortes pour être utilisable :
- il doit être totalement isolé du monde extérieur pendant la phase
(Le mot phase peut avoir plusieurs significations, il employé dans plusieurs domaines et principalement en physique :) calcul,
toute observation (L’observation est l’action de suivi attentif des phénomènes, sans volonté de les modifier, à l’aide de moyens d’enquête et d’étude appropriés. Le plaisir...)
perturbant le processus. On ne le laisse communiquer à l'extérieur qu'avant (introduction des données) et après (lecture des résultats, ou plus exactement du résultat) ; l'isolement
thermique (Le thermique est la
science qui traite de la production d'énergie, de l'utilisation de l'énergie pour la production de chaleur ou de froid, et des transferts de chaleur suivant différents
phénomènes...) total ( Total est la qualité de ce qui est complet, sans exception. D'un point de vue comptable, un total est le résultat d'une addition, c'est-à-dire une somme. Exemple : "Le total
des...) ne peut exister, mais si l'on arrive à le maintenir le temps du calcul, celui-ci peut avoir lieu sans interférence (En mécanique ondulatoire, on parle d'interférences
lorsque deux ondes de même type se rencontrent. Ce phénomène apparaît souvent en optique avec les ondes lumineuses, mais il s'obtient...). Ce phénomène d'interférence est appelé
décohérence, c'est le principal obstacle à la réalisation d'ordinateur quantique. Le temps de décohérence correspond pour un système quantique au temps pendant lequel ses propriétés quantiques
ne sont pas corrompues par l'environnement (L'environnement est tout ce qui nous entoure. C'est l'ensemble des éléments naturels et artificiels au sein duquel se déroule la vie humaine. Avec les enjeux écologiques
actuels, le terme...).
- il doit se faire sans la moindre perte d'information. En particulier tout circuit de calcul quantique doit être réversible. Dans les circuits logiques "classiques" certaines portes
ne vérifient pas cette propriété (porte NAND par exemple). Cependant des astuces de construction permettent de contourner cette difficulté en conservant des informations supplémentaires non
directement utiles. Toutes les portes classiques ont un équivalent quantique.
Projets en cours
De nombreux projets sont en cours à travers le monde pour construire concrêtement des qubits viables et les réunir dans un circuit. Ces recherches mettent en œuvre de la physique théorique (La physique théorique
est la branche de la physique qui étudie l’aspect théorique des lois physiques et en développe le formalisme mathématique.) pointue. Les projets suivant semblent avancer à un
rythme intéressant :
- les circuits supraconducteurs avec jonction Josephson. Cette technique est très maléable : il s'agit de dessiner des circuits suffisamment résistant à la décohérence. Pour l'instant elle ne
permet de coupler qu'au plus deux qubits, mais des recherches sont en cours pour en coupler d'avantage à l'aide d'un résonnateur et d'un SQUID.
- Les ions piégés. Cette technique a donné le système possédant le plus de qubits intriqués.
- la Résonance Magnétique Nucléaire (La résonance magnétique nucléaire est une technique de spectroscopie appliquée aux particules ou ensembles de particules atomiques qui ont un spin nucléaire non
nul.).
- les atomes provenant d'un condensat de Bose-Einstein (Un condensat de Bose-Einstein est un état de la matière formé de bosons à une température suffisamment basse, caractérisé par une fraction
macroscopique d'atomes dans l'état quantique de plus basse énergie. Ce phénomène a été prédit en 1925 par...) piégés dans un réseau (Un réseau informatique est un ensemble d'équipements
reliés entre eux pour échanger des informations. Par analogie avec un filet (un réseau est un « petit...) optique (L'optique est la branche de la physique qui traite de la
lumière et de ses relations avec la vision.).
- les cavités optiques ou micro-ondes résonnantes.
- les boîtes quantiques (quantum dots en anglais) : ce sont des systèmes macroscopiques qui possèdent malgré tout les caractéristiques quantiques necessaires pour l'élaboration d'un
ordinateur quantique. On appelle parfois de tels systèmes des atomes artificiels. Cette technique utilise des matériaux (Un matériau est une matière d'origine naturelle ou
artificielle que l'homme façonne pour en faire des objets.) courants dans l'industrie des semi-conducteurs : silicium ou GaAs. Elle se subdivise en deux branches : l'une
exploitant la charge électrique (La charge électrique est une propriété fondamentale de la matière qui respecte le principe de conservation.) des qubits, l'autre leur spin (voir l'article
spintronique).
- beaucoup d'autres projets plus ou moins avancés.
Certains projets semblent très en phase avec une exploitation industrielle, mais les problèmes de bases restent les mêmes. Des recherches sont ainsi entreprises pour réaliser un ordinateur
quantique à base solide, comme le sont nos microprocesseurs actuels. Ces recherches ont entre autres mené l'Université du Michigan à une puce de calcul quantique capable d'être fabriquée en
série, sur les lignes de productions existant actuellement qui plus est. Cette puce permet en effet d'isoler un ion et de le faire " léviter " dans un espace confiné, à l'intérieur de la puce.
Principe de fonctionnement des ordinateurs quantiques
Le fonctionnement des ordinateurs quantiques peut paraitre mystérieux au premier abord : la théorie quantique est une théorie décrivant des probabilités de présence. Comment dès lors concilier
ce concept d'aléa avec un calcul qui se veut déterministe ?
Idées de la mécanique quantique
En fait, les fonctions d'onde (Une onde est la propagation d'une perturbation produisant sur son passage une variation réversible de propriétés physiques locales. Elle transporte de l'énergie sans
transporter de...), c’est-à-dire les distributions de probabilité
(Probabilité vient du latin probare (prouver, ou tester). Le mot probable signifie « qui peut se produire » dans le cas de futures
éventualités, ou...) de présence à la base de la théorie quantique, sont issues de calculs tout ce qu'il y a de plus déterministes. La source d'aléa est dans l'acte
d'observation lui-même, c'est-à-dire la mesure. En effet, suite à une mesure, le système quantique se fixe dans un état avec une certaine probabilité. On peut contourner cette
incertitude en la rendant la plus faible possible par un jeu d'opérations quantiques successives. Pour certains algorithmes, il peut être nécessaire d'effectuer les calculs plusieurs fois
jusqu'à ce que la réponse vérifie une certaine propriété.
En mécanique quantique, il est possible pour une particule d'être dans multiples états simultanément. Cette possibilité est appelée superposition. Pour décrire ce phénomène, on parle parfois du
chat de Schrödinger (L'expérience du chat de Schrödinger fut imaginée en 1935 par le physicien Erwin Schrödinger, afin de mettre en évidence des lacunes supposées de l'interprétation de Copenhague
de...) qui est pour l'observateur à la fois mort et vivant. Cependant au niveau quantique, il ne s'agit pas seulement d'un modèle permettant de rendre compte de notre
ignorance du système. Les particules sont véritablement dans cet état superposé, et il en découle un certain nombre de propriétés inédites à notre échelle. Une mesure sur un système quantique
va le forcer à choisir un des états. On parle de projection (La projection cartographique est un ensemble de techniques permettant de représenter la surface de la Terre dans son ensemble ou en partie sur la
surface plane d'une carte.).
Le qubit
La mémoire (D'une manière
générale, la mémoire est le stockage de l'information. C'est aussi le souvenir d'une information.) d'un ordinateur classique est faite de bits. Chaque bit porte soit un 1 soit un
0. La machine calcule en manipulant ces bits. Un ordinateur quantique travaille sur un jeu de qubits. Un qubit peut porter soit un un, soit un zéro, soit une superposition d'un un et d'un zéro
(ou, plus exactement, il porte une distribution de phase, angle (En géométrie, la notion générale d'angle se décline en plusieurs concepts apparentés.) qui pour 0° lui fait prendre la valeur 1, pour
90° la valeur 0, et entre les deux la superposition d'états dans les proportions du sin² et du cos² de la phase). L'ordinateur quantique calcule en manipulant ces distributions. On n'a donc pas
trois états en tout mais une infinité.
De plus, l'état de plusieurs qubits réunis n'est pas seulement une combinaison
(Une combinaison peut être :) des états respectifs des qubits. En effet, si un qubit est dans une quelconque superposition
d'états
, deux qubits réunis sont quand à eux dans une superposition d'états
, avec
| α | 2 + | β | 2 + | γ | 2 + | δ | 2 = 1. Il s'agit cette fois d'employer la superposition des quatre états pour le calcul. C'est
pourquoi la puissance de calcul théorique d'un ordinateur quantique double à chaque fois qu'on lui adjoint un qubit. Avec 10 qubits, on a 1024 états superposables, et avec n qubits,
2n.
Un ordinateur classique ayant trois bits de mémoire peut stocker uniquement trois nombres binaires. À un moment donné, il pourrait contenir les bits " 101 " ou une autre combinaison des 8
possibles (23). Un ordinateur quantique ayant trois qubits peut en fait stocker 16 valeurs, assemblées deux par deux pour former 8 nombres
complexes (il est donc dans une superposition de ces 8 états). Il pourrait contenir ceci :
État
|
Amplitude (Dans cette
simple équation d’onde :)
|
Probabilité
|
|
|
(a2 + b2)
|
000
|
|
0,14
|
001
|
|
0,04
|
010
|
|
0,10
|
011
|
|
0,18
|
100
|
|
0,31
|
101
|
|
0,16
|
110
|
|
0,02
|
111
|
|
0,05
|
Noter que la somme des probabilités fait bien 1. S'il y avait eu n qubits, cette table aurait eu 2n lignes. Pour un n aux alentours de 300, il y aurait eu plus de lignes que d'atomes dans l'univers (On nomme univers l'ensemble de
tout ce qui existe, comprenant la totalité des êtres et des choses (celle-ci comprenant ou non, selon les philosophies, les...) observable (Dans le formalisme de la mécanique quantique, une
opération de mesure (c'est-à-dire obtenir la valeur ou un intervalle de valeurs d'un paramètre physique, ou...).
La première colonne montre tous les états possibles pour trois bits. Un ordinateur classique peut seulement porter un de ces états à la fois. Un ordinateur quantique, lui, peut être dans une
superposition de ces 8 états à la fois. La deuxième colonne montre l'amplitude pour chacun des 8 états. Ces 8 nombres complexes sont un instantané du contenu d'un ordinateur quantique à un
moment donné. Durant le calcul, ces trois nombres changeront et interagiront les uns avec les autres. En ce sens, un ordinateur quantique à trois qubits a bien plus de mémoire qu'un ordinateur
classique à trois bits.
Cependant, il n'est pas possible de voir directement ces trois nombres. Quand l'algorithme est fini, une seule mesure est accomplie. La mesure retourne une simple chaîne (Le mot chaîne peut avoir plusieurs
significations :) de 3 bits classiques et efface les 8 nombres quantiques. La chaîne de retour est générée aléatoirement. La troisième colonne donne la probabilité pour chacune
des chaînes possibles. Dans cet exemple, il y a 14% de chance que la chaîne retournée soit " 000 ", 4% que ce soit " 001 ", ainsi de suite. Chaque nombre complexe est nommé " ampere " et chaque
probabilité une " amplitude carrée ", parce qu'elle est égale à
. La somme des huit probabilités est égale à un.
Typiquement, un algorithme d'un ordinateur quantique initialisera tous les nombres complexes à des valeurs égales, donc tous les états auront les même probabilités. La liste des nombres
complexes peut être imaginée comme un vecteur (En mathématiques, le vecteur est un objet véhiculant plus d'information que les nombres usuels, ou scalaires, et sur lequel on peut effectuer des opérations
simples.) à 8 éléments. À chaque étape de l'algorithme, le vecteur est modifié par son produit avec une matrice qui correspond à une operation quantique.
Simulation d'un ordinateur quantique
Damian Conway a créé pour le langage Perl un module nommé Quantum::Superpositions qui permet de simuler (en faisant de l'algorithmique ordinaire en
coulisses, bien sûr) le fonctionnement d'un périphérique de calcul quantique. Ce module est très utile pour écrire et tester des programmes écrits pour la logique quantiques. Les programmes
réalisés seront intégralement utilisables sur un périphérique de calcul quantique (s'il en existe un jour) en remplaçant les appels au module par les appels correspondant à ce périphérique,
sans rien toucher au programme perl lui-même. On pourra alors tirer parti des capacités d'un ordinateur quantique et effectuer ainsi des calculs plus complexes à temps égal.
L'expression d'un calcul de primalité :
sub is_prime {
my ($n) = @_;
return $n % all(2..sqrt($n)+1) != 0
}
n'est pas sans rappeler l'écriture en langage APL, qui lui aussi traite globalement les tableaux, ou d'un langage fonctionnel comme Haskell.
Bibliographie
-
(en) M.A. Nielsen et Isaac (ISAAC est un algorithme capable de générer des nombres
pseudo-aléatoires, tombé dans le domaine public en 1996. Son auteur, Bob Jenkins, l'a conçu de manière à ce...) Chuang, "Quantum Computation and Quantum Information",
Cambridge University Press, 2000, ISBN 0521635039
-
(fr) Michel Le Bellac, "Introduction à l'information
quantique", Éditions Belin, 2005, ISBN 2701140323
-
(fr) Jean-Baptiste Waldner, "Nano-informatique et intelligence
quantique - Inventer l'ordinateur du XXIème siècle", Hermes (HERMES se base sur le V-Modell allemand (en.wikipedia pour l'instant) [(lien)]. HERMES a été conçu par l'administration fédérale suisse et est en
développment constant. (*voir la...) Science (La science (du latin scientia, connaissance) relève Historiquement de l'activité philosophique, et fut pendant longtemps un exercice spéculatif
visant à élucider les mystères du monde par l'exercice de la raison. À la...), London, 2006, ISBN 2746215160