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12 janvier 2025 7 12 /01 /janvier /2025 12:01
Le Juif Jésus est né en Judée, pays des Bnei Israël

On est parfois stupéfait des extrapolations hasardeuses faites à partir du récit de la Nativité.

Il n’est que de constater certaines récupérations idéologiques d’un enfant Jésus subitement privé de sa judéité et de son époque, pour être transformé en symbole de réfugié du Moyen Orient. Arafat n’avait pas hésité à acter cette captation d’héritage spirituel en faisant de Jésus le premier feddayin palestinien !

Mais à l’époque des grands flux de migrants illégaux, on trouve facilement des commentaires journalistiques ou même ecclésiastiques qui intronisent l’enfant de Bethléem comme le premier nouveau-né « sans papiers » ! Retournement récupérateur de situation plutôt paradoxal lorsque l’on peut lire dans les évangiles que Joseph et son épouse Marie se sont rendus à Bethléem, à la demande des autorités romaines, précisément pour y décliner leur identité et se faire enregistrer officiellement avec leur fils…

C’est dans le même ordre d’idées que le 19ème siècle n’a pas hésité à mythologiser la figure de Joseph, père adoptif de Jésus : du simple fait qu’il était charpentier, il s’est retrouvé promu représentant emblématique des prolétaires. A tort, car s’il est vrai que tout travailleur, même au bas de l’échelle sociale est digne de reconnaissance et de respect, on sait aujourd’hui que le statut de charpentier dans la Judée du 1er siècle correspond à celui d’un homme instruit et aisé, qui gagne bien sa vie, du fait de sa compétence artisanale polyvalente : il est performant dans la construction de poutraisons pour les toitures, comme dans la fabrication de meubles et d’objets d’art, et parfois même dans la taille de pierres.

Certains ont mis en doute le fait que Jésus soit né à Bethlehem, et même que Bethlehem ait existé ! Or le pharaon Akhnaton mentionne Bethlehem dans les lettres d’Amarna. On trouve Bethlehem dans le Livre de la Genèse comme lieu de la sépulture de Rachel, épouse de Jacob. Mais aussi dans le livre de Ruth, comme lieu d’origine du mari de la veuve moabite et de Booz, son goel. De leur union naît Obed, père de Jessé et grand-père de David. C’est pour cette raison que le Livre de Samuel désigne Bethlehem comme lieu d’origine du clan de Jessé, et c’est là que Samuel consacre David. « Yahvé dit : Lève-toi et oins-le ! L’Esprit de Yahvé descendit sur David… » (1Sam 16,12) Le prophète Michée annonce que le Messie naîtra à Bethlehem : « Et toi Bethlehem Ephrata, petite parmi les milliers de Juda, de toi sortira pour moi celui qui dominera en Israël » (Mi 5,2)

Bethlehem, maison du pain, source de nourriture spirituelle, le Christ que Jean l’évangéliste désignera comme le « Pain de Vie ». Depuis les origines du christianisme, dans les évangiles et dans la tradition, Bethlehem est honorée comme lieu de la naissance de Jésus. Au 2ème s. Justin et Origène le mentionnent. En 333, le Pèlerin de Bordeaux désigne Bethlehem comme célèbre lieu de vénération de la Nativité.

Quoi qu’il en soit, le récit édifiant de la naissance de Jésus par Luc et Matthieu est porteur d’espérance. C’est pourquoi il n’a pas à être détourné au service d’une idéologie partisane et horizontale. Ces ambiguïtés révèlent combien l’utilisation souvent biaisée du récit de la Nativité confirme l’intense fragilité de cet événement survenu dans la plus grande humilité. C’est une révélation qui dérange.

Or cette vulnérabilité, signe de la compassion et de la proximité de Dieu, fait partie, avec tout le réalisme possible, de l’identité de Jésus et de la mission qu’il a assumée. Nous savons que cet enfant juif, de la lignée de David, instruit dans la Torah, est devenu le maître d’un art de vivre généreux au sein d’un peuple témoin environné de nations païennes hostiles. En 1950, 90% de la population de Bethlehem était chrétienne. Aujourd’hui, ce n’est plus que 15%…

Jésus avait clairement choisi de dépasser tous les clivages, anciens et modernes, pour offrir à tous un chemin d’humanité solidaire, relié à Dieu, libéré des manipulations politiciennes et axé sur la réalité à venir appelée Royaume de Dieu, ce futur messianique toujours espéré et attendu dans chaque tradition de son peuple, Israël d’une part, et l’Eglise, d’autre part, en vertu d’une alliance indéfectible.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.

 

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