Après avoir, de son propre chef, étendu la dissuasion nucléaire à l’Europe entière, l’Ukraine comprise, Macron vient de déclarer qu’il n’y a « aucune limite » au soutien de la France au régime de Zelensky, jugeant « irresponsable » et « lâche » toute autre position que la sienne. « Aucune limite » signifie en clair que la France ne s’interdit aucun moyen d’aider son « allié », y compris par l’envoi de troupes ou encore l’utilisation d’armes nucléaires tactiques, voire stratégiques. Le 16 février, Macron et Zelensky ont signé un accord bilatéral de sécurité sur l’aide que la France entend apporter à l’Ukraine. Jusqu’à présent, la France et la Russie étaient en situation de guerre à bas bruit. Par cet accord, la France déclare une guerre totale à la Russie. Dans l’histoire du monde, c’est la première fois que deux puissances nucléaires sont de fait en situation de belligérence. Dernier espoir : les 12 et 13 mars prochains, l’Assemblée nationale et le Sénat se prononceront sur cet accord par un vote au terme d’un débat.
Cette discussion et ce vote auront lieu après que l’exécutif a signé l’accord. Il n’est par ailleurs pas clair qu’un vote négatif des parlementaires oblige constitutionnellement le président à annuler cet accord.
S’il reste une once de lucidité à nos élus, ils ne peuvent que rejeter massivement ce texte hallucinant. On peut espérer, mais ce n’est qu’un vœu, que le président de la République tiendra compte de leur avis.
Si le conflit reste conventionnel, la France devra acheminer des troupes et du matériel en nombre vers l’Ukraine afin de faire face à une armée russe autrement plus puissante. Encore faudrait-il que les moyens de transport de troupes (aériens, routiers, ferroviaires) ne soient pas préalablement détruits par l’« ennemi ». Et quand bien même tout ou partie des 130 000 soldats de notre armée atteindraient l’Ukraine, avec l’armement idoine, la disproportion des forces ne leur laisserait aucune chance. Inutile de compter sur nos « alliés » européens et américains qui se sont désolidarisés des folies va-t-en-guerre du président français. Par ailleurs, les soldats français n’ont guère mené que des opérations de maintien de l’ordre en Afrique, rien qui ressemble à des combats dans le cadre d’une guerre de haute intensité. L’armée russe, entraînée depuis deux ans à mener des combats sans merci, n’en ferait qu’une bouchée.
Si le conflit devient nucléaire, la France peut être en capacité de porter quelques coups à l’ »ennemi », mais aucun ne lui serait mortel. En revanche, le prix à payer pour notre pays est effroyable, puisqu’il s’agit de son anéantissement pur et simple. Le reste de la planète serait fortement impacté par l’« hiver nucléaire » résultant de l’explosion de plusieurs bombes de fort tonnage sur notre sol.
L’accord bilatéral « de sécurité » – qui engage notre pays pour 10 ans – est une catastrophe pour la France, l’Europe, et la paix mondiale. On y lit en effet :
Les principaux éléments des engagements de sécurité à long terme pris par la France à l’égard de l’Ukraine dans le cadre de cet accord sont les suivants :
- la fourniture d’une assistance globale à l’Ukraine pour la protection et le rétablissement de son intégrité territoriale dans ses frontières internationalement reconnues, ainsi que pour le relèvement économique et la reconstruction ;
- la prévention, la dissuasion active et les mesures à prendre face à toute nouvelle agression de la part de la Fédération de Russie ;
- le soutien à l’intégration de l’Ukraine dans les institutions européennes et euro-atlantiques, notamment en soutenant l’adhésion de l’Ukraine à l’UE et l’interopérabilité avec l’OTAN.
Intégrer un pays en guerre et en ruines dans l’Otan et dans l’UE ? Pure folie !
Les articles 12, 13 et 14, entre autres, sont absolument sidérants :
- Indemnisation des pertes, préjudices et dommages causés par l’agression russe
Les Participants réaffirment que la Fédération de Russie doit payer pour la reconstruction à long terme de l’Ukraine. Conformément au système juridique français, les actifs souverains russes relevant de la juridiction de la France restent immobilisés jusqu’à ce que la Fédération de Russie ait payé pour les dommages qu’elle a causés à l’Ukraine. Le Participant français, en collaboration avec ses partenaires, continuera à explorer toutes les voies légales compatibles avec les obligations contractuelles applicables et conformes au droit européen et international, par lesquelles les avoirs russes pourraient être utilisés pour soutenir l’Ukraine.
En priorité, les Participants continueront à travailler ensemble, avec les États du G7 et d’autres, à la mise en place d’un mécanisme d’indemnisation des dommages, pertes ou préjudices causés par l’agression de la Russie, comme le prévoit le statut du registre des dommages causés par l’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, adopté par la résolution du Comité des ministres du Conseil de l’Europe CM/Res(2023)3. À cet égard, les Participants exploreront les options appropriées pour le financement d’un mécanisme d’indemnisation afin de fournir une indemnisation rapide et adéquate aux victimes de l’agression.
- Sanctions
Les Participants reconnaissent la valeur des sanctions pour restreindre l’accès de la Fédération de Russie et d’autres États agresseurs au financement, aux biens, à la technologie et aux services qu’ils utilisent dans leur agression, pour réduire les sources de revenus de la Russie et pour dissuader de futures agressions. Les Participants continueront d’œuvrer pour que le coût de l’agression de la Russie continue d’augmenter, notamment par le biais de sanctions et de contrôles des exportations.
Alors que l’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine se poursuit, le Participant français restera déterminé, dans le cadre européen, à appliquer des sanctions sévères contre les secteurs de l’économie russe et ceux qui, dans la Fédération de Russie et à l’extérieur, soutiennent la guerre ou en tirent profit, ou qui aident à contourner les sanctions dans les pays tiers. Le Participant français prendra également des mesures déterminées avec ses partenaires pour s’attaquer à toutes les formes de contournement des sanctions et pour renforcer sa propre résilience contre les financements illicites et les individus liés au pouvoir russe.
Les Participants se fourniront mutuellement des informations appropriées et actualisées sur les motifs des sanctions et d’autres informations pertinentes, dans le respect des obligations et des législations nationales en la matière.
- Redevabilité
Les Participants réaffirment leur engagement à tenir la Fédération de Russie pour responsable des pertes ou des dommages causés à des personnes et à des entités, ainsi qu’à l’État ukrainien, du fait des actes internationalement illicites qu’elle a commis en Ukraine ou contre l’Ukraine, y compris son agression en violation de la Charte des Nations Unies.
Les Participants réaffirment qu’il ne doit pas y avoir d’impunité pour les crimes de guerre et autres atrocités et que la Fédération de Russie doit en assumer la responsabilité juridique, notamment en réparant tout dommage causé par de tels actes, ce qui contribuera également à dissuader de futures agressions et à soutenir la résilience de l’Ukraine.
Les Participants s’efforceront de demander des comptes aux responsables de crimes de guerre et d’autres crimes internationaux, commis en Ukraine ou contre l’Ukraine dans le contexte de la guerre d’agression de la Russie, conformément au droit international, notamment en soutenant les travaux du bureau du procureur général de l’Ukraine et de la Cour pénale internationale afin de garantir que les allégations de crimes de guerre fassent l’objet d’enquêtes complètes et équitables menées par des mécanismes juridiques indépendants, efficaces et robustes.
Les Participants poursuivront leur engagement au sein du « Groupe sur les options pour la création d’un tribunal sur le crime d’agression contre l’Ukraine ».
Ainsi la France s’engage à confisquer les avoirs russes en France : cette spoliation pourrait amener les pays qui disposent d’avoirs en France à les retirer. Une catastrophe pour notre économie. La politique des sanctions, loin de mettre la Russie « à genoux » comme l’a claironné le ministre Le Maire au début du conflit, a ruiné l’Europe.
La France s’engage également à créer une sorte de Tribunal de Nuremberg pour juger des « crimes » russes. Cette comparaison de la Russie avec l’Allemagne nationale socialiste est profondément insultante pour les Russes. C’est oublier que 20 millions de Russes sont morts lors de la Seconde Guerre mondiale et que de son côté l’Ukraine honore toujours la mémoire de Stepan Bandera, lequel, à la tête de ses partisans, combattit les Russes aux côtés de la Wehrmacht et de la Waffen SS, massacrant au passage des milliers de Polonais et de Juifs
Contrairement à ce qu’affirme la doxa otanienne servie aux Français par les médias centraux du régime, ce sont les États-Unis et leurs vassaux européens qui ont poussé les Russes à la guerre contre l’Ukraine. Les accords de Minsk n’étaient destinés qu’à leurrer la Russie : il s’agissait de donner à l’Ukraine le temps de s’armer, ainsi que l’ont reconnu Merkel et Hollande.
Le New York Times a récemment révélé que, depuis 2016, la CIA avait installé douze bases en Ukraine, soit aux portes de la Russie. Les Américains ont utilisé leurs pions européens dans cette bataille, pour leur plus grand profit (ils nous vendent fort cher leur gaz de schiste, en remplacement du gaz russe ; de nombreux groupes allemands ont déménagé leurs usines vers des pays à moindre coût énergétique, dont les Etats-Unis, afin de garder leur compétitivité…) et le plus grand malheur de la Vieille Europe, au bord de la ruine économique.
On rappellera que le dépeçage de la Russie est une visée constante de la géostratégie américaine et que Macron est un Young Leader de la French American Foundation, le très puissant lobby des intérêts étatsuniens en France.
On rappellera également que lors de la crise de Cuba en 1962, le président Kennedy a sommé les Russes de rapatrier au plus vite les missiles nucléaires qu’ils avaient installés sur l’île, qui n’est situé qu’à quelque 160 km des côtes américaines, les menaçant d’une frappe nucléaire. Krouchtchev a reçu le message cinq sur cinq : en quelques jours, les missiles russes retrouvaient sagement le chemin de la mère-patrie. Qui saura faire entendre la voix de la raison à un Emmanuel Macron diagnostiqué comme « psychopathe amoral, narcissique et sans limite, dangereux non seulement pour la France mais pour l’Europe entière » par ce psychiatre italien ? :
Les 12 et 13 mars prochains, députés et sénateurs auront-ils la lucidité de rejeter ce texte, et en cas de rejet, Macron aura-t-il la sagesse de revenir sur cet accord ? Rêvons un peu : Macron décide de le soumettre à référendum au peuple français. Non, ne rêvons pas…
On est proprement stupéfait de constater que le destin ultime de la France ne tient qu’à un fil très ténu…
Henri Dubost