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26 février 2020 3 26 /02 /février /2020 22:44
La guerre d’Afghanistan est perdue, sauf pour les marchands d’armes

 

Il y a une dizaine d’années,  j’écrivais que les talibans reviendraient  un jour triomphalement à Kaboul. Ce jour n’est plus très loin. Pas de quoi pavoiser au cri de « Je vous l’avais bien dit », mais chacun sait que les guerres contre-insurrectionnelles sont ingagnables. L’histoire l’a maintes fois prouvé. Le désastre était inéluctable et les pourparlers relancés avec les talibans ont bien un relent de fiasco.

Trump a beau dire que s’il voulait gagner cette guerre, il lui faudrait à peine 10 jours pour raser l’Afghanistan, et même beaucoup moins, c’est une fanfaronnade qui ne change rien à la réalité : la guerre est  perdue.  C’est le risque des guerres asymétriques, humiliantes quand le plus fort n’arrive pas à faire plier le plus faible.

Une guerre perdue militairement, puisque les effectifs occidentaux sont passés de 140 000 hommes à moins de 10 000. Perdue politiquement, puisque les talibans attendent leur retour en vainqueurs à Kaboul. Perdue moralement, puisque les opinions occidentales sont lasses de ces expéditions lointaines coûteuses en vies humaines.

Le désastre est donc total pour les démocraties occidentales, qui espéraient insuffler un vent de liberté sur cette terre moyenâgeuse.

Seuls les industriels de l’armement sortent en grands gagnants du fiasco.

Cette aventure militaire ne pouvait donc pas se solder par une victoire et dès 2001, des généraux anglais en alertaient les va-t-en-guerre occidentaux. Mais c’est le lobby américain de l’armement qui l’a emporté et la coalition occidentale s’est lancée dans une guerre perdue d’avance.

Voilà maintenant 18 années que les soldats américains sont enlisés dans le bourbier afghan, cherchant une sortie la moins déshonorante possible, en poursuivant des pourparlers avec les talibans, qui savent que le temps travaille pour eux.

La débâcle soviétique après 10 années de guerre et le désastre vietnamien n’auront pas servi de leçon. Les Américains ont perdu 2 300 soldats et englouti des sommes colossales dans cette expédition coloniale sans lendemain. Encore 20 soldats viennent de périr en 2019.

Entre les trois guerres Afghanistan, Irak et Syrie, ce sont 3 000 milliards de dollars que les États-Unis ont engagés. Une somme supérieure au PIB français.

Côté français, ce sont 89 de nos militaires qui sont morts en Afghanistan, auxquels il faut ajouter 700 blessés. Un lourd bilan pour une défaite. Au total, 70 000 soldats français auront servi en Afghanistan en 13 ans de guerre de 2001 à 2014.

Une guerre inutile de plus, mais je reconnais qu’après avoir dit « non » aux Américains en Irak, il était difficile pour Sarkozy de leur refuser une seconde fois notre participation.

Au plus fort de la guerre, la coalition alignait 140 000 soldats, sous les ordres du général David Petraeus. Le fameux « surge ». Mais malgré une écrasante supériorité technologique, ce sont les talibans qui sont aujourd’hui plus forts que jamais, contrôlant l’essentiel du pays.

Faut-il s’en étonner quand on sait que les talibans sont des Pachtouns, donc des enfants du pays, maîtres chez eux, aussi à l’aise que des poissons dans l’eau ?

Faut-il s’en étonner quand l’armée nationale afghane, forte de 350 000 hommes sur le papier, est totalement corrompue, largement  infiltrée par les talibans et connaît un taux de désertion catastrophique de 30 % ? Une armée de papier qui n’a aucune chance de résister à des talibans déterminés.

Tout comme l’armée sud-vietnamienne, pourtant suréquipée, qui fut balayée en quelques jours par les farouches combattants du  Vietcong. Une humiliation suprême pour l’orgueilleuse armée américaine, qui avait vaincu l’Allemagne et le Japon trente ans plus tôt.

Ajoutons que les talibans ont toujours bénéficié du soutien du gouvernement pakistanais. Adepte du double jeu, Islamabad a laissé ses frères pachtouns afghans se réfugier dans leur sanctuaire pakistanais, bien à l’abri des raids aériens alliés.

Les Occidentaux ont sous-estimé l’ennemi. On se souvient que le général de Bavinchove, chef d’état-major de la force internationale ISAF, n’avait que mépris pour les talibans, sorte de va-nu-pieds en haillons, incapables de gagner la guerre face à des armées modernes suréquipées. En 2012, il estimait qu’ils « ne pourraient jamais reprendre le pouvoir et  qu’ils avaient  perdu le soutien des Afghans » !

Grotesque ! Beaucoup d’Afghans le disent : « les talibans ne sont pas des monstres, ce sont aussi nos fils. Dans beaucoup de familles, on trouve autant de civils que de talibans » !

Ajoutons que l’Afghanistan est un immense champ de pavot et qu’il assure 95 % de la production mondiale d’opium. Les talibans n’ont donc jamais manqué d’argent pour s’équiper.

Mépris de l’ennemi et arrogance n’ont jamais été des gages de victoire !

En attendant, entre deux bombardements aériens visant les insurgés, les négociations se poursuivent. Ce que vise Trump, c’est un désengagement total avant les élections de 2020.

Les Occidentaux partis, qu’en sera t-il de cette autre menace que représente  pour les talibans l’État islamique ? Un combat entre  musulmans où l’Occident n’a pas sa place.

Un programme d’amnistie encourage les chefs de guerre talibans et ceux de la branche afghane de l’EI à rendre les armes. Vaste entreprise !

Ce qu’attendent avant tout les chefs de guerre talibans, c’est le départ définitif des Américains. Et  ensuite, tout droit sur Kaboul, afin de restaurer l’Émirat  islamique d’Afghanistan, établi en 1996 par les talibans, alors aidés par l’armée pakistanaise.

Personne n’a jamais conquis durablement l’Afghanistan. Pas même les Anglais au XIXe siècle.

Le grand rêve occidental de libérer les femmes afghanes et d’instaurer une démocratie pro-occidentale a donc vécu. Les Russes avaient cru pouvoir instaurer un régime communiste après leur évacuation du pays en 1989. Douce illusion.

Jamais les talibans n’accepteront un autre régime que la charia. Et pour cela, ils ont tout leur temps…

Les dirigeants actuels corrompus fuiront aux États-Unis avec leurs valises de dollars, et la charia règnera à nouveau sur cette terre indomptable, si longtemps convoitée, depuis les Perses jusqu’aux Soviétiques, en passant par Alexandre le Grand, Gengis Khan et la fière Albion.

L’Afghanistan est un des rares pays, avec le Japon, à avoir résisté à la domination des pays occidentaux. Au cours du XIXe siècle, des régiments anglais y furent anéantis.

Un pays rebelle qui mérite bien son surnom de « cimetière des empires ».

https://ripostelaique.com/dix-ans-apres-la-mort-de-dix-soldats-francais-les-talibans-controlent-70-du-pays.html

https://ripostelaique.com/quon-arrete-de-faire-tuer-nos-soldats-pour-rien-en-afghanistan.html

https://ripostelaique.com/afghanistan-les-talibans-finiront-par-revenir-triomphalement-a-kaboul.html

https://ripostelaique.com/afghanistan-trump-joue-la-peste-contre-le-cholera.html

https://ripostelaique.com/afghanistan-88-soldats-francais-tues-700-blesses-pour-quel-bilan.html

https://ripostelaique.com/lapres-11-septembre-ne-fut-quune-suite-derreurs-tragiques-americaines.html

Jacques Guillemain

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